La galerie Zlotowski accueille les représentations synthétiques de la vie et du monde de l’artiste uruguayen.
Paris. La galerie Zlotowski, spécialisée dans les avant-gardes du début du XXe siècle, montre les œuvres de Joaquín Torres-García avec un focus sur les années 1930, lorsque l’artiste est à Paris. Né en Uruguay à Montevideo en 1874, il se forme à Barcelone, puis débarque en France à la fin des années 1920 après un séjour à New York. En 1934, il retourne à Montevideo, où il décède en 1949.
« Si c’est un grand artiste, c’est aussi un inventeur de formes. Il a beaucoup produit et réfléchi. C’est un vrai théoricien, le contraire d’un intuitif, car derrière chaque œuvre, il y a une idée, un projet », explique Yves Zlotowski, directeur de la galerie. Il poursuit : « Nous avons choisi ce titre, “Esprit de synthèse” parce que Joaquín Torres-García allait à l’essentiel, sans fioritures dans sa représentation de la vie, de l’être humain. » Ce titre implique non seulement l’idée d’une représentation synthétique du monde, mais aussi une synthèse des pratiques : il a abordé de nombreux médiums, tels le dessin, la peinture, la sculpture sur bois, la fabrication de jouets, la poésie… Il a beaucoup écrit.
Contrairement à New York, où une grande rétrospective a eu lieu au MoMA fin 2015, l’artiste a été peu montré en France. Il y a pourtant été exposé à de nombreuses reprises dans les années 1930, sa période la plus féconde, alimentée par la bouillonnante avant-garde parisienne. Il développe alors un art abstrait, mais construit, en schématisant géométriquement les objets sans pour autant renoncer à la figuration : ses compositions sont parsemées de motifs figuratifs récurrents : hibou, poisson, bateau, boussole, ancre… Il souhaitait retrouver la figuration abstraite de l’art précolombien, empreint de symboles. C’est pour cette période – des œuvres facilement identifiables – que les prix peuvent grimper très haut (autour de 1,50 M € en ventes publiques).
Une année a bien été nécessaire pour rassembler la vingtaine d’œuvres exposées, montrant les différentes facettes du travail de l’artiste : on peut ainsi découvrir Chien, un rare jouet complet en bois peint, vers 1930, exposé au MoMA (autour de 70 000 €) ; des sculptures comme Personnage abstrait, en bois d’aspect primitif, typique de son travail mais aussi des huiles telle Composition abstraite, 1942 où l’on retrouve tout le langage de l’artiste : les personnages schématiques, les motifs figuratifs récurrents (poisson, bateau…), une construction sous forme de grille où chaque élément est inséré dans une case (330 000 €). « Il était obsédé par l’ordonnancement », explique Yves Zlotowski. Chez lui, il y a une très forte présence de l’univers urbain, comme dans Composition constructiviste, 1931 (400 000 €) ou La Gare, une encre sur papier de 1930. L’exposition rassemble également des œuvres datant d’avant 1930, moins reconnaissables et donc moins cotées, comme Masque rouge, 1928, en couverture du petit catalogue qui accompagne l’exposition et qui préfigure déjà le côté « totémique » de l’œuvre de Torres-García (125 000 €).
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L’art sans fioritures de Joaquín Torres-García
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 1er juillet, Galerie Zlotowski, 20, rue de Seine, 75006 Paris.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°482 du 23 juin 2017, avec le titre suivant : L’art sans fioritures de JoaquÁn Torres-GarcÁa