Quoique présent dans les meilleures histoires de l’art du XXe siècle, l’oeuvre de Joaquin Torres-Garcia (1874-1949) reste en général ignoré, au plus lui accorde-t-on sa participation essentielle au groupe « Cercle et Carré », l’un des foyers de l’abstraction à Paris au début des années trente.
Parfois, on va jusqu’à lui reconnaître un rôle d’émule uruguayen du Bauhaus, avec la fondation du « Taller Torres-Garcia » à Montevideo et l’impact de cet atelier dans la diffusion de l’art géométrique en Amérique latine, à la fin de sa vie.
La réunion d’un grand nombre de ses oeuvres - 80 tableaux, dessins, cahiers, sculptures, jouets - est ainsi une occasion rare de pouvoir mieux percevoir la personnalité de cet artiste. Elle prend même le caractère de première rétrospective dans un pays francophone depuis 1975.
La provenance des oeuvres présentées ici - elles viennent des petits-enfants de l’artiste - explique leur caractère généralement intime ; mais aussi leur qualité globale. Aux expérimentations quelque peu désordonnées des vingt-cinq premières années du siècle succède une longue période où la grille héritée du cubisme devient instrument de composition et d’organisation formelle. Elle donne parfois lieu à des tableaux non-figuratifs, en particulier dans la « période blanche ». Mais le plus souvent les oeuvres de Torres-Garcia résultent de l’assemblage de petits signes simplifiés (bonhomme, horloge, poisson, mots, lettres, chiffres), disposés à l’intérieur des petites unités formées par la grille. La couleur, le symbolisme, la complexité, y restent toujours discrets. Mais cette modestie est aussi une véritable humilité, qui produit des oeuvres attachantes et exigeantes, dont la beauté ne se livre qu’à la contemplation.
Genève, galerie Krugier-Ditesheim, jusqu’au 25 juillet.
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Les petits signes de Torres-Garcia
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°497 du 1 juin 1998, avec le titre suivant : Les petits signes de Torres-Garcia