Malgré l’annulation de la foire ainsi que de Fotofever, de nombreuses manifestations, souvent de qualité, sont organisées.
Paris. La fête de la photographie à Paris tente de garder un certain panache malgré l’annulation la foire Fotofever et surtout de Paris Photo. Cette dernière organisera du 12 au 15 novembre, un parcours au sein des 43 galeries retenues pour l’édition 2020 et bénéficie pour cela d’une campagne d’affichage sur plus de 500 panneaux publicitaires offerts par la Ville de Paris. Le circuit plus spécifique « Elles x Paris Photo », consacré à des œuvres de femmes photographes, se superpose à ce parcours, légèrement réadapté dans son contenu. La sélection de cette troisième édition, soutenue par le ministère de la Culture, a été confiée à la conservatrice Karolina Ziebinska-Lewandowska. Pour leur part, les lauréats de la Carte blanche de Paris Photo, Picto Foundation et de SNCF Gares & Connexions bénéficient d’une exposition gare du Nord, tandis que les trente finalistes du prix du livre Paris Photo-Aperture Fondation inaugurent les espaces de Delpire & Co, nés de la transformation de la galerie Folia en librairie.
Le salon Approche, organisé habituellement au Molière, un hôtel particulier du 1e arrondissement, adopte un format inhabituel en s’installant du 12 au 15 novembre dans quatre galeries du Marais : les galeries Papillon, Christian Berst, Sator (Romainville) et C. Dès le printemps dernier, Émilia Genuardi, fondatrice et co-directrice avait anticipé les mesures sanitaires qui pourraient être prises au second semestre 2020. Au programme de cette édition : quinze galeries proposent leur solo show et le duo Édouard Taufenbach et Régis Campo du Prix Swiss Life à 4 mains [voir ill.]. Autre première pour le salon : l’accueil, suite à l’annulation de Paris Photo, des propositions des galeries Les Filles du Calvaire, Intervalle et Les Douches au sein des douze focus d’artistes retenus initialement.
Photo Paris Vintage Fair, foire de référence pour la vente de photographies anciennes organisée traditionnellement au Pavillon Wagram, a fait le choix très tendance en ce moment d’être présente uniquement en ligne. « Nous sommes extrêmement liés à Paris Photo. Notre clientèle est essentiellement internationale. Nombre de galeries de la foire, en particulier américaines, viennent faire leur marché chez nous », explique Bruno Tartarin, créateur et directeur du salon.
Si les dernières mesures sanitaires du gouvernement ont eu raison de Paris Photo, elles n’ont pas trop découragé les galeries. Dans le Marais, à l’espace Léon, ce sont les vingt éditeurs de l’association France PhotoBook, généralement répartis entre le Grand Palais et La Péniche, qui se retrouvent du 11 au 15 novembre dans une grande libraire éphémère pour présenter leurs ouvrages de l’année.
Le contexte a conduit à une autre initiative inédite. Christie’s invite onze galeries photos à exposer dans ses espaces parisiens, du 6 au 9 novembre. L’événement, intitulé Christie’s Photo Guests, rassemble les galeries Baudoin Lebon, Binome, Camera Obscura, Clémentine de La Féronnière, Esther Woerdehoff, Les Douches, In Camera, Les Filles du Calvaire, Polka, Sit Down et Thierry Bigaignon. « L’invitation de Christie’s n’est conditionnée à aucune vente aux enchères et à aucune commission à verser à la maison de ventes », précise Élodie Morel-Bazin, responsable Europe du département Photographies de Christie’s. Le principe du solo show et d’un mur par galerie prévaut.
Si les galeries étrangères sont, par voie de conséquence, les grandes absentes de cette semaine de la photo à Paris, ce n’est pas le cas des photographes de la scène européenne, africaine, américaine (du nord comme du sud) ou asiatique, toute génération et tout style confondus.
Novembre, traditionnel grand rendez-vous de la photographie à Paris, ne manque pas de manifestations diverses qui cette année encore ont belle allure. Telles les expositions « Noir et Blanc » au Grand Palais-RMN, « Cindy Sherman » à la Fondation Louis Vuitton et « Marc Riboud, histoires possibles » au Musée Guimet. À défaut d’avoir pu se dérouler cet été, les Rencontres d’Arles présentent de leurs côtés, au siège de Kering, le 14 et 15 novembre, les onze lauréats du Prix Découverte Louis-Roederer 2020, l’installation de Lewis Bush, lauréat de la résidence BMW ainsi que quelques photos de la lauréate du Prix Women in motion/Kering.
Le festival Photo Saint-Germain est la seule manifestation à avoir échappé à une réorganisation de sa programmation. Son organisatrice, Aurélia Marcadier, aurait bien sûr souhaité un meilleur contexte pour célébrer les 10 ans du festival, né de l’initiative des galeries du quartier, la galerie Berthet-Aittouarès en chef de file. Comme à son habitude, le parcours regroupe un ensemble de galeries, de centres culturels, de librairies et des institutions du quartier. Des galeries initialement absentes du parcours l’ont toutefois rejoint dans la foulée de l’annulation de Paris Photo, telle la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois avec un titre d’exposition « Paris Photo@home » qui résume bien la situation.
Galerie. Karsten Greve a replié sur sa galerie parisienne, le solo show qu’il devait consacrer, sur son stand à Paris Photo, à Herbert List (1903-1975) et à ses photographies réalisées en Italie, entre les années 1930 et 1960. La dernière exposition parisienne de ce photographe allemand remonte à 2017 à la galerie Magnum. On y retrouve l’esprit indépendant qui guide ses prises de vue que ce soit à Rome, Naples, Palerme ou sur l’île de Favignana. Bien que formé à la technique par Andreas Feininger, photographe marqué à ses débuts par l’esthétique du Bauhaus, Herbert List, comme Feininger et bien d’autres photographes de son époque, laisse libre cours à son écriture visuelle sans se revendiquer de tel ou tel mouvement ou école. Gros plan sur une tête de thon dans un port de pêche, enfants jouant dans la rue, sculpture antique vue en plongée sur une large avenue depuis son appartement à Rome : Herbert List a le sens du cadrage. Ses images noir et blanc captent la vie au fil des différents séjours et reportages réalisés pour des livres ou des magazines tels que Du ou Epoca. La rencontre avec Vittorio de Sica et d’autres grandes figures du cinéma italien a élargi ses sujets à des portraits de célébrités du cinéma ou de la littérature italienne de ces années-là. La plupart des tirages exposés sont d’époque et leur prix varie entre 1 900 euros et 9 400 euros (HT).
Christine Coste
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La photographie à Paris sans Paris Photo tient son rang
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°554 du 30 octobre 2020, avec le titre suivant : La photographie à Paris sans Paris Photo tient son rang