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« Free Lunch », manifeste de la galerie Jean-Kenta Gauthier

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 12 janvier 2021 - 323 mots

PARIS

L’exposition « Free Lunch » inaugure le deuxième espace de la galerie à Paris avec l’esprit de laboratoire qui la caractérise.

Paris. Dès son ouverture dans le quartier de l’Odéon en 2014, la galerie Jean-Kenta Gauthier n’est pas passée inaperçue. Par ses artistes d’abord, tous de renom : Daido Moriyama, Eikoh Hosoé, Anders Petersen, JH Engström, Daniel Blaufuks, Raphaël Dallaporta ou Daisuke Yokota. Puis par sa programmation et ce qu’elle donnait à percevoir du rôle de la galerie pour son fondateur : « Être un laboratoire et une plateforme de production et d’échanges ». Preuve de sa réputation précoce : sa sélection, un an à peine après sa création, à Paris Photo, cas unique dans l’histoire de la foire.

L’ouverture, en décembre dernier, d’un deuxième espace bien plus grand dans le 15e arrondissement confirme cette reconnaissance : « Free Lunch », exposition inaugurale conçue initialement pour Paris Photo, est un condensé de réflexions passionnantes sur la production, la diffusion, la circulation et l’usage des images. Cinq artistes ont été invités à créer une œuvre pour l’occasion. Presque toutes les œuvres ont été produites par le galeriste, exceptée celle de Raphaël Dallaporta (né en 1980), Indice de volatilité, commande du Cnap réalisée avec deux ingénieurs en intelligence artificielle. Étrange machine qui débite un ticket de caisse, enregistrant le temps que l’on passe à se regarder devant le miroir placé à cet effet. L’Image fertile de Mishka Henner (né en 1976 [voir ill]) est également fascinante, une famille d’images nées de critères précis et de données issues de banques d’images. Take Your Photograph de Daniel Blaufuks (né en 1963), inscrit sur la vitre de la galerie avant de pénétrer dans les lieux, n’est pas sans malice. Tout comme son Perpetual Camera, texte dépoli sur un miroir placé à l’intérieur : se photographier devant une vitre ou un miroir n’est pas un geste anodin. Si la gratuité est constitutive des œuvres exposées en ces lieux, nos attitudes et actes d’appropriation face à elles n’ont rien de gratuit.

Free Lunch,
jusqu’au 13 février 2021, Galerie Jean-Kenta Gauthier – Vaugirard, 4, rue de la Procession, 75015 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°558 du 8 janvier 2021, avec le titre suivant : « Free Lunch », manifeste de la galerie Jean-Kenta Gauthier

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