À l’occasion des 20 ans de la Galerie Guillaume, Guillaume Sébastien invite tout au long de l’année quatre commissaires, tels Alain Tapié ou aujourd’hui Olivier Kaeppelin, à présenter une exposition.
Au départ j’étais banquier, j’ai changé de voie pour réaliser un rêve de jeunesse : devenir commissaire-priseur. Or cela ne m’a pas été possible parce que acheter une charge coûtait beaucoup trop cher. J’avais 29 ans et j’ai créé une société, Arselou, qui loue des œuvres aux entreprises. Mais je voulais surtout faire la promotion des artistes que j’aimais, parce que ce qui m’intéresse le plus, ce sont les artistes. L’historien et critique d’art Pierre Cabanne, qui était mon voisin, m’a convaincu d’ouvrir ma galerie, ce que j’ai donc fait six ans plus tard. Internet commençait à prendre une grande importance, beaucoup de gens pensaient que bon nombre de galeries allaient disparaître. Lui au contraire m’a dit qu’il fallait des lieux pour accrocher physiquement des œuvres et pour que le galeriste puisse défendre ses artistes – il y aurait toujours des gens pour venir voir des expositions.
Absolument. Ce sont deux activités très complémentaires. Arselou s’adresse exclusivement aux entreprises qui exposent non seulement des œuvres d’artistes de la galerie mais également d’autres artistes, puisque dans le cadre de cette activité ce sont les goûts de mes clients qui priment. Je les écoute et j’essaye de répondre à leur demande. Alors qu’à la galerie ce sont uniquement mes goûts qui comptent. Il m’arrive souvent, par exemple, de louer des œuvres de street art alors que je n’en expose pas.
Je n’aime pas trop le terme de ligne. Je parlerais plutôt d’esprit, un terme que les visiteurs emploient d’ailleurs plus que moi. Je suis très instinctif et très rapide dans mes choix. Je ne suis pas quelqu’un qui réfléchit pour savoir si tel artiste va marcher ou pas. J’aime avant tout les artistes qui me font rêver. Un artiste doit faire rêver, il doit nous montrer des choses que nos yeux ne voient pas. Je n’aime pas les œuvres trop abstraites ni trop figuratives, j’aime qu’elles se situent entre les deux pour justement laisser leur place à l’onirisme, à la poésie. J’aime connaître les artistes avec lesquels je travaille, crée avec eux une complicité.
J’en ai fait, notamment Art Paris, plusieurs fois. Mais l’espace de la galerie est assez grand et j’essaye d’utiliser au maximum ses possibilités. Participer aux foires est assez prenant, il faut les préparer très en amont, gérer le retour à la galerie, tout cela prend beaucoup de temps. Arselou m’en prend déjà pas mal et j’ai depuis dix ans développé une sorte de troisième activité sous la forme de rencontres. Nous choisissons un thème qui n’est pas forcément artistique et chaque mois nous invitons des personnalités, philosophes, écrivains, acteurs de cinéma, personnes du monde associatif qui viennent en parler. Nous organisons également des concerts et depuis un an nous avons introduit le théâtre.
Non parce que la galerie marche plutôt bien. Nous ne sommes pas les seuls dans ce cas d’ailleurs. Je connais aussi des galeries qui font régulièrement des foires et qui fonctionnent moins bien. Nous existons depuis vingt ans, beaucoup de galeries n’ont pas eu cette longévité. Cela ne veut pas dire pour autant que c’est facile car je présente essentiellement des artistes que j’ai découverts et dont je fais la promotion sur une assez longue durée, comme Jean-Paul Agosti, Bang Hai Ja, Jean-François Rauzier, Christian Renonciat ou Pierre Wemaëre. Donc il faut durer.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
La Galerie Guillaume célèbre ses 20 ans
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : Guillaume Sébastien, fondateur et directeur de la Galerie Guillaume : « Je suis très instinctif dans mes choix »