PARIS
Accueillant des nouveaux exposants de poids et déployant sa programmation hors les murs, Asia Now renforce cette année son attractivité. Son tropisme asiatique, mais aussi son standing, ont joué en sa faveur.
Paris. Pour sa 6e édition, Asia Now s’ouvre à la scène indienne et bénéfice du renfort inattendu de galeries parisiennes de premier plan, telles que Almine Rech, Jeanne Bucher Jaeger, Nathalie Obadia, Perrotin, Templon, ou Georges-Philippe & Nathalie Vallois. L’annulation de la Fiac (Foire internationale d’art contemporain) a en effet incité les galeries, esseulées, à rallier cette foire « à taille humaine », qui communique depuis sa création sur son tropisme asiatique, mais aussi sur son standing haut de gamme : adresse avenue Hoche, bar à champagne et bouquets de lys blanc disposés çà et là… « Autant nous n’avons jamais envisagé de participer à une foire “off” généraliste, autant Asia Now nous a séduits : elle se tient dans les salons d’un hôtel particulier élégant et a un positionnement de niche sur un format rassurant au vu de la situation sanitaire, affirme Anne-Claudie Coric, la directrice de la Galerie Templon. Et avec sa valorisation cette année de la scène indienne, cela semblait une évidence d’y participer, puisque nous représentons depuis plus d’une dizaine d’années quatre artistes indiens comptant parmi les plus reconnus de leur génération : Jitish Kallat, Atul Dodiya et Anju Dodiya, ainsi que Sudarshan Shetty. » La galerie en profite également pour exposer les dernières œuvres de la Japonaise Chiharu Shiota, initialement prévues pour être présentées au Grand Palais pendant la Fiac. Tous artistes confondus, les prix vont, sur son stand, de 15 000 à 120 000 euros.
Jeanne Bucher Jaeger, de son côté, rend hommage aux gravures sur bois et aux œuvres sur papier de Zarina Hashmi (1937-2020), décédée en avril dernier. Aux États-Unis, le Hammer Museum de Los Angeles, le Guggenheim Museum de New York et l’Art Institute de Chicago n’ont pas attendu sa disparition pour consacrer à cette figure emblématique de l’Inde une rétrospective, en 2012-2013. Trois très beaux collages à la feuille d’or ou à la feuille d’étain datant de la dernière décennie (entre 25 000 et 55 000 €) témoignent de la dimension spirituelle d’une démarche marquée par le thème de l’exil, tandis que l’artiste développe une passion pour le papier, vu comme une « seconde peau ».
Almine Rech mise pour sa part sur un solo show du Coréen Kim Tschang-yeul (né en 1929). Cet artiste reconnu sur la scène internationale travaille inlassablement depuis les années 1970 le motif de la goutte d’eau (prix entre 15 000 et 200 000 €). Solo show également chez Georges-Philippe & Nathalie Vallois, qui occupent une surface de 40 mètres carrés avec les peintures oniriques à quatre mains du duo Peyback, composé de deux jeunes artistes iraniens. Engagée depuis sa création en 1993 dans le soutien aux artistes non occidentaux, Nathalie Obadia aligne quant à elle des œuvres de Lu Chao, Hoda Kashiha, Manuel Ocampo, Shahpour Pouyan, Wang Keping et Ni Youyu, ainsi que les sculptures mêlant plumes, tissu, perles de verre et coquillages de Rina Banerjee, artiste née en 1963 à Calcutta et installée aux États-Unis, où une rétrospective itinérante sur trois ans lui est actuellement consacrée. Les prix démarrent autour de 10 000 euros et montent jusqu’à 85 000 euros environ.
Chez Perrotin, on trouve un focus sur le travail de Bharti Kher (née en 1969), notamment des œuvres issues de ses séries « Points of Departure » (cartes sur lesquelles elle applique les points colorés de « bindis ») et « The Intermediaries ». Compter entre 1 000 et 71 000 euros pour les pièces présentées sur le stand, qui comprendra également des œuvres d’Otani Workshop, Yuji Ueda, Lee Bae, et Ni Youyu.
La foire tend par ailleurs la main aux jeunes galeries, comme la nouvelle venue Marguo, dont le tout nouvel espace dans le Marais ouvre ce mois-ci avec une exposition de l’artiste chinois Zhang Yunyao (né en 1985). Celui-ci poursuit un travail de peinture sur feutre que l’on avait pu voir chez Perrotin à Hongkong en 2017, et que l’on trouve également sur la foire dans la « Drawing Room » placée sous le commissariat d’Hervé Mikaeloff, qui lui est entièrement consacrée. En dehors du continent indien abordé cette année, la scène taïwanaise est aussi symboliquement présente avenue Hoche avec une plateforme proposée par la Chi-Wen Gallery de Taïpeh, présentant quatre artistes, dont Su Hui-Yu (né en 1976), sans doute le plus international des quatre : ses vidéos mélangent habilement histoire et culture pop, références littéraires et scènes anecdotiques.
Enfin parmi les points forts de cette édition, à plus d’un titre, exceptionnelle, Asia Now s’offre deux « hors les murs » dans des institutions. Le Musée Guimet accueille à partir du 20 octobre (jusqu’en janvier) une exposition personnelle de Remen Chopra W. Van der Vaart (née en 1980) produite par la très active Fondation Gujral, qui comprend une installation in situ. Est également présentée au musée, par la galerie Nature Morte (New Delhi), une imposante installation sur rouleaux de soie de l’artiste indienne Reena Saini Kallat (née en 1973). Quant au Musée Cernuschi, il diffusera dans son auditorium le programme vidéo « Natura Naturata », sélection de films courts d’artistes chinois, vietnamiens, et coréens.
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La foire spécialisée Asia Now profite de l’annulation de la Fiac
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°553 du 16 octobre 2020, avec le titre suivant : La foire spécialisée Asia Now profite de l’annulation de la Fiac