Monde. Au même titre que posséder une œuvre d’art, acquérir un dinosaure est devenue chose courante pour les riches collectionneurs.

Le marché est lucratif : plus le dinosaure est grand, plus il vaut cher. Sa rareté, la qualité de son crâne et son taux de complétude (on estime qu’un spécimen est complet lorsqu’au moins 70 % de ses os sont d’origine) influent aussi sur le prix.
Mais là où les montants pratiqués franchissaient rarement la barre des un ou deux millions de dollars il y a quelques années, ils se sont bien envolés depuis. Le dinosaure vendu le plus cher, à l’époque, était Sue, un T-Rex parti chez Sotheby’s pour 8,4 millions de dollars en 1997 (*). Un record largement dépassé en 2020, lorsque le T-Rex Stan est adjugé chez Christie’s pour 31,8 millions de dollars alors que les spécialistes n’en attendaient pas plus de 10 millions. L’année suivante, le tricératops Big John est vendu 6,6 millions d’euros à l’Hôtel Drouot (six fois plus cher que prévu), un record en Europe.

Ces derniers mois, la tendance s’accroît depuis la vente par Sotheby’s, en juillet dernier, du stégosaure Apex (voir ill.) pour 44,6 millions de dollars, une somme jusqu’alors jamais atteinte pour un dinosaure. Encore moins pour un herbivore, alors que les carnivores étaient généralement plus cotés. « Personne ne s’y attendait, c’est un prix dingue. Et depuis le “one-shot” d’Apex, le marché s’emballe, il devient hors de contrôle. Maintenant, tout le monde recherche des stégosaures, constate Pascal Godefroit, paléontologue à l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique. Alors que Vulcain, lui, est parti à un prix qui ne me choque pas outre mesure. C’est un beau spécimen, qui aurait sans doute été acheté vers 3 millions d’euros hors enchères. » L’apatosaure de plus de vingt mètres de long – le plus grand dinosaure jamais vendu – a été adjugé à 6 millions d’euros chez Collin du Bocage et Barbarossa, en novembre dernier.

Alors que la demande explose, l’offre reste stable. Et ce déséquilibre crée une flambée des prix. « Certains vendeurs deviennent fous, ils se rendent compte qu’on peut faire des fortunes avec des dinosaures. Les escrocs de haut vol sont en train de se ruer sur le marché », s’alarme Pascal Godefroit. Alors que de nombreux pays interdisent leur exportation – la plupart des dinosaures vendus sur le marché proviennent ainsi des États-Unis, qui l’autorisent à condition qu’ils aient été fouillés sur terrain privé –, le trafic illégal de fossiles prend de l’ampleur. De nombreuses pièces sorties illégalement du pays (provenant du Maroc notamment) affluent sur le marché. Et les assemblages d’ossements douteux, quant à eux, se multiplient. En 2022, Christie’s a ainsi annulé la vente du T-Rex Shen, prévue à Hong Kong. En cause, la troublante ressemblance du squelette avec celui de Stan, à partir duquel des moulages auraient été réalisés pour compléter les manques de Shen.
(*) Contrairement à ce qui a été publié dans le JdA n°652, la vente du T-Rex Su a eu lieu chez Sotheby's en 1997 et non en 1998.
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Flambée des prix dans le marché des dinosaures
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Flambée des prix dans le marché des dinosaures