Avec sa 4e vente consacrée à cette spécialité, Sotheby’s Paris a réalisé son meilleur score.
PARIS - La vente « Histoire naturelle » qu’organisait Sotheby’s le 30 septembre a récolté 1,02 million d’euros frais compris (833 000 euros [1]), une somme en dessous de son estimation (1,5 à 1,9 million d’euros). Il s’agit pourtant de sa meilleure vente dans cette spécialité depuis 2010, au-delà du million d’euros avec 56,5 % de lots vendus, soit un bon taux. Si 67,4 % des lots ont été adjugés au-delà de leur estimation haute – l’auctioneer a aisément cédé les pièces importantes –, les deux pièces maîtresses n’ont pas trouvé preneur. Le squelette d’un petit dinosaure carnivore Ornitholestes (« voleur d’oiseaux »), fin du Jurassique (estimation 350 000 à 450 000 euros), et un poisson fossile Lepidotus maximus, haut Jurassique (est. 250 000 à 300 000 euros) sont restés invendus.
Pour Éric Buffetaut, paléontologue, « les prix de certains fossiles étaient absolument délirants ». Mais selon Éric Mickeler, consultant pour Sotheby’s : « Ce n’est pas une question d’estimation trop forte. Les clients ont du mal à comprendre la paléontologie. Ce petit dinosaure est une pièce unique. Il a fallu attendre cent ans pour trouver ce spécimen ! Les gens espèrent faire de bonnes affaires alors les après-ventes sont de plus en plus nombreuses. » Le dinosaure est d’ailleurs en discussion. Les pièces qui ont remporté le plus de succès sont un tableau naturel de Lys de mer (Allemagne), vendu 169 500 euros (est. 75 000 à 95 000 euros), très décoratif, et un crâne de mammouth de Sibérie, adjugé 141 900 euros (est. 30 000 à 50 000 euros), plus facile à vendre qu’un dinosaure car plus récent donc moins cher, et peut-être plus évocateur.
Si ce marché est florissant aux États-Unis depuis trente ans, en France, il progresse depuis seulement une douzaine d’années. Les prix des fossiles sont stables ou en légère hausse. Quant aux dinosaures, le marché est difficile : leurs prix, à cause de l’ancienneté et des moyens mis en œuvre pour leur extraction, restent prohibitifs. Le record est détenu par Sue, un squelette de Tyrannosaurus rex complet de 13 mètres de long vendu 8,4 millions de dollars chez Sotheby’s New York en 1997. En France, le record appartient à un Allosaure adjugé 1,3 million d’euros en 2010 chez Sotheby’s à Paris.
Le commerce de fossiles en France est légal, mais il existe un très important trafic à l’échelle internationale, c’est pourquoi la réglementation de pays comme la Chine, le Brésil ou certaines provinces du Canada est très rigoureuse. « Je demande l’acte de propriété, le point GPS et les concessions, sinon je ne prends pas la pièce. Idem pour les pièces venant de Chine ou d’Argentine », souligne Éric Mickeler.
« Je déplore que ces pièces soient vendues à des prix qui dépassent nettement les possibilités des musées d’histoire naturelle et qu’ils finissent donc dans des collections privées où ni les spécialistes ni le public ne peuvent les voir. Par chance, peu de spécimens d’un intérêt scientifique exceptionnel se trouvent dans ces ventes », conclut toutefois Éric Buffetaut.
Résultat : 1,02 M€
Estimation : 1,5 à 1,9 M€
Lots vendus : 56,5 %
(1) Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.
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Résultat honorable pour l’histoire naturelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Résultat honorable pour l’histoire naturelle