Baudoin Lebon est galeriste, expert en peinture et sculpture occidentale de l’après-guerre et en photographie à Paris
Le 28 octobre, le Sénat, qui a adopté la proposition de loi de libéralisation des ventes aux enchères publiques, a rejeté un amendement portant sur l’harmonisation de la responsabilité civile des experts (art. 18). Est-ce toujours votre combat ?
Bien sûr, car le régime de prescription pour les experts en vente publique est plus favorable que le celui de droit commun. L’action en responsabilité est prescrite après cinq ans à compter de l’adjudication, tandis que pour un expert, lors d’une vente privée, le point de départ de la prescription est glissant. Il démarre à compter du jour où le demandeur a pris connaissance des faits lui permettant d’amorcer une action contre l’expert. Nous souhaitons voir disparaître ce système à deux vitesses pour arriver à une harmonisation de la responsabilité de l’expert, dans un sens ou dans l’autre. S’il n’est pas possible de changer le régime de droit commun, nous voulons alors faire entendre notre cause en essayant de changer les dispositions de la loi sur les ventes publiques, bientôt à l’étude à l’Assemblée nationale.
Le Sénat a voté un dispositif (inscrit à l’art. 31) permettant au Conseil des ventes volontaires (CVV) de reconnaître le code de déontologie des groupements d’experts dont les statuts et les modalités de fonctionnement lui paraissent apporter des garanties de compétence, d’honorabilité et de probité. Mais ce point n’a pas fait l’unanimité…
Comme l’a défendu Marie-Hélène Des Esgaulx, rapporteur de la commission des lois, cette possibilité d’une reconnaissance d’un code de déontologie par le CVV constituerait pour les experts indépendants une incitation à se regrouper, ce qui rentre dans le cadre de la « directive services » européenne. Cela serait bénéfique aux consommateurs que sont les acheteurs et vendeurs, qui en tireront davantage de sécurité.
Que représente la CEDEA que vous présidez ?
La CEDEA (Confédération européenne des experts d’art) fédère trois organisations françaises d’experts : la Chambre nationale des experts spécialisés en objets d’art et de collection (CNES), la Compagnie nationale des experts (CNE) et le Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection (SFEP), ce qui représente environ 600 membres sur 1 000 experts exerçant en France. La CEDEA est également composée de la Chambre belge des experts en œuvres d’art.
Que doit garantir un code sérieux de déontologie de la profession d’expert ?
Parmi les points les plus importants, je vois l’obligation de souscrire une assurance professionnelle, le devoir de justifier d’une expérience professionnelle assez longue et l’impossibilité de cumuler plus de deux spécialités.
Comment vous positionnez-vous en tant que membre (suppléant) du CVV ?
Au CVV, où j’ai été admis comme personnalité qualifiée, je travaille au sein de la commission « observatoire économique » et sur l’étude de la réforme de la loi sur le marché des ventes publiques. Même si je défends les experts et les marchands, je cherche à avoir une vision globale du marché. Par exemple, je ne suis pas hostile à la possibilité, pour les maisons de ventes, de réaliser des ventes de gré à gré, ce qui se fait déjà à l’étranger.
Quelle est l’actualité de votre galerie ?
Je propose jusqu’au 5 décembre une exposition collective sur le nu en photographie contemporaine et ancienne, avec notamment des œuvres de Franco Fontana, Henri Foucault, Irina Ionesco, Arezu Karubi, Dany Leriche, Jean Merhi, Patricia Parinejad, Lucille Reyboz, Denis Rouvre, Jeanloup Sieff et Joël-Peter Witkin, complétées par un cabinet de curiosités.
Et Paris Photo ?
La scène arabe et iranienne étant cette année à l’honneur, j’y exposerai les tirages sur papier salé sur Dubaï de Martin Becka, réalisés à partir de négatifs papier ciré à la manière des Primitifs ; sept tirages couleurs d’Yves Gellie de la série Perception distincte issus de ses voyages en Irak ; des vues panoramiques du mur en Palestine par Anne-Marie Filaire ; ainsi qu’un ensemble de photographies XIXe dont des vues égyptiennes de Gustave Le Gray, Maxime Du Camp et Félix Teynard. La nouveauté surprenante est que Catherine David, fonctionnaire de la direction des Musées de France, a été invitée par Paris Photo à faire un choix d’artistes, lequel aurait été « proposé » aux galeries invitées de la partie Statement.
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Entretien avec Baudoin Lebon, président de la CEDEA
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Entretien avec Baudoin Lebon, président de la CEDEA