PARIS
Le Salon consacré au dessin majoritairement ancien accueille neuf nouveaux exposants.
Paris. Annulé en 2020, reporté l’année suivante au mois de juillet puis, en 2022, en mai, le Salon du dessin, indétrônable, revient comme à l’accoutumée depuis 1991 au printemps, du 22 au 27 mars plus précisément, au palais Brongniart. Son succès, qui ne se dément pas au fil des ans, est dû à la fois à la qualité des exposants, triés sur le volet, à plusieurs événements qui rythment la manifestation (un colloque, une institution muséale invitée…), mais aussi à un intérêt croissant du public pour ce médium.
Pour cette 31e édition, 39 exposants – un chiffre stable – se sont donné rendez-vous, dont 18 étrangers. Fidèle à son équilibre d’origine, le Salon conserve la même proportion de galeries spécialisées dans les œuvres anciennes, soit 60 %, quand une quinzaine d’entre elles montrent des dessins du XIXe siècle, modernes et contemporains.
Fait notable, neuf nouveaux marchands intègrent la manifestation, alors que les nouvelles entrées se comptent habituellement sur les doigts d’une main. Ils sont accompagnés de deux retours : la parisienne Nathalie Motte Masselink et le barcelonais Artur Ramon Art. « Nous avons eu beaucoup de nouvelles candidatures cette année et avons choisi d’en sélectionner un peu plus que d’habitude pour nous permettre de montrer d’autres facettes du dessin, comme la Galerie Kevorkian [Paris] qui expose des miniatures persanes, la galerie Bottegantica [Milan], spécialisée dans le symbolisme italien habituellement peu représenté au Salon, ou Françoise Livinec [Paris] qui présente du [dessin] français contemporain », explique Hélène Mouradian, directrice de l’AEC (Agence d’événements culturels) qui organise la manifestation. Outre ces marchands figure la galerie marseillaise Alexis Pentcheff. « Nous souhaitions depuis longtemps participer à cet événement car nous sommes particulièrement sensibles aux travaux sur papier : nous aimons le côté intimiste et fragile de la représentation sur papier, qui recueille le premier geste de l’artiste, et avons conscience que c’est aussi une archive, un témoignage vivant du parcours d’un artiste, expliquent Giulia et Alexis Pentcheff. Le papier permet aussi d’acquérir des œuvres intéressantes de très grands artistes à des prix plus abordables. » Pour l’occasion, les galeristes exposent une vingtaine d’œuvres d’Édouard Vuillard, de petites feuilles dans lesquelles ce maître de l’intimité évoque des salons fleuris ou le secret d’une chambre.
Plus nombreuses cette année, cinq galeries italiennes se greffent aux autres galeries spécialisées dans le domaine, ce qui démultiplie la présentation de dessins italiens – toutes époques et écoles confondues. On peut ainsi découvrir chez Tarantino(Paris) Le Repas chez Simon avec sainte Marie Madeleine, XVIe siècle, une mise au carreau de Lucas Giordano – un dessin inédit sur le marché, dont un tableau de même composition est conservé au palais Corsini à Rome ; Deux études de tête d’homme barbu de Bartolomeo Passarotti (30 000 €) chez Terrades (Paris), ou encore une Nature morte (1948) de Giorgio Morandi (70 000 €) sur le stand de Maurizio Nobile.
Une tendance apparaît clairement au sein du Salon : « Historiquement, les dessins étaient conservés dans des portefeuilles et les collectionneurs cherchaient prioritairement les esquisses préparatoires. Aujourd’hui ceux-ci vont privilégier les dessins forts et contrastés qui, une fois encadrés, accrochent le regard », observe Hélène Mouradian. Il peut s’agir d’une étude d’un artiste de la Renaissance italienne ; d’un paysage au lavis brun d’un artiste français du XVIIe siècle ; d’une étude de figure à la sanguine, à l’exemple, chez Éric Coatalem (Paris), de cet Homme liant les mains d’un autre dans le dos, de Charles de La Fosse ; ou bien d’une scène de genre à la plume du XIXe. « Si vous avez un dessin d’un grand artiste, en bon état de conservation avec un sujet attirant, vous avez de fortes chances de susciter la curiosité et l’intérêt de nombreux collectionneurs », affirme la directrice. Tel devrait être le cas de l’Étude pour une figure d’Hercule filant, de Simon Vouet (XVIIe siècle), préparatoire à la figure d’Hercule dans la tapisserie Hercule filant aux pieds d’Omphale ou Hercule et Omphale– issue de la tenture des Amours des dieux conservée au château de Chambord –, étude que présente la Galerie de Bayser (autour de 200 000 €). Mais aussi de Dina allongée (1940) [voir ill.], d’Aristide Maillol (prix inférieur à 500 000 €), sur le stand de Dina Vierny (Paris), ou encore de l’aquarelle de Chagall intitulée Animal fabuleux : Fabel-Tier (vers 1926-1927, entre 400 000 et 550 000 €) mise en exergue par Bailly Gallery (Paris).
Temps forts inédit, un dîner de gala caritatif dont les bénéfices reviendront à l’Institut Curie dans le cadre de la lutte contre le cancer est organisé le 23 mars dans les salons d’honneur du palais Brongniart, tandis que cette année deux invités d’honneur intitutionnels au lieu d’un ont été conviés : le Musée de l’armée et la Fondation Custodia, à travers un hommage à Ger Luijten, son directeur depuis 2010, décédé brutalement en décembre dernier. Le partenariat avec Drawing Now lancé l’an dernier est par ailleurs renouvelé, permettant aux visiteurs de l’un des salons d’avoir accès à l’autre à prix réduit (25 € pour visiter les deux sites au lieu de 32 €).
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Du sang neuf au Salon du dessin
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°607 du 17 mars 2023, avec le titre suivant : Du sang neuf au Salon du dessin