MARSEILLE
La Galerie Alexis Pentcheff, sise à Marseille, emménage dans un lieu à la hauteur de son développement et de ses ambitions.
La Galerie Alexis Pentcheff monte d’un cran, quand tant de ses consœurs ferment boutique à Marseille. Elle quitte la rue Paradis pour le pavillon de la Reine-Jeanne, un bâtiment historique sur la corniche surplombant l’anse de Malmousque, à quelques encablures du Vieux-Port.
Avec Giulia [son épouse, NDLR], nous nous sommes associés il y a près de quinze ans, en 2009, pour créer la Galerie Pentcheff rue Paradis, dans l’hypercentre marseillais, afin de défendre l’école de Marseille et la peinture provençale de la fin du XIXe siècle et du début du XXe –avec des noms comme Jean-Baptiste Olive, Émile Loubon, Raphaël Ponson ou Paul Guigou. Au fur et à mesure que la galerie grossissait, nous avons commencé à participer à des foires internationales, comme la Brafa à Bruxelles. Nous avons alors décidé de proposer des pièces de plus grande envergure et avons élargi ce choix aux artistes venus travailler dans le Sud : Pierre Bonnard, Henri Lebasque, Albert Marquet…
Après la Brafa, nous avons intégré la Biennale (Paris) puis le Salon du dessin (où nous sommes les seuls Français non parisiens), ce qui nous a amenés à avoir une clientèle de plus en plus internationale et de plus en plus exigeante. Pour répondre à ses attentes, les œuvres devaient être de qualité, tout comme l’écrin dans lequel nous allions les présenter. Nous avons découvert ce lieu par hasard il y a six ans, nous avons frappé à la porte il y a quatre ans et signé le compromis il y a presque trois ans et demi. S’en sont suivies plus de trois années de rénovation.
Tout en gardant notre axe sur la Méditerranée, nous allons nous ouvrir un peu à l’art contemporain – ce serait une erreur de faire comme s’il n’existait pas aujourd’hui. Nous avons d’ailleurs créé deux résidences d’artistes.
Le thème en est la Méditerranée, avec une trentaine d’œuvres (pour des prix situés entre quelques milliers d’euros et plusieurs millions), dont la plupart sont inédites – six ont déjà été vendues. Nous avons eu trois ans pour la préparer. Elle comprend une fête sur l’eau datant du XVIIIe siècle par Charles Eschard – une vue de Marseille qui a appartenu au Met de New York – des toiles d’Armand Guillaumin (L’Île de Besse à Agay, 1895), Renoir (Deux femmes dans le jardin de Cagnes, 1918, l’œuvre la plus importante de l’accrochage), Henri Martin, Marquet (dont Marseille, le port, Notre-Dame-de-la-Garde, 1915-1916), Bonnard (La Conversation, vers 1913, représentant Marthe Bonnard et Suzanne Bernheim) ou encore André Lhote (Marseille, 1936).
Il y a quinze ans, nous étions très nombreux dans le quartier des antiquaires, rue Edmond-Rostand, mais depuis, nos confrères ont arrêté les uns après les autres, sans être remplacés, tandis que nous, nous n’avons cessé de grandir. Je n’ai pas d’explication. Peut-être qu’ils n’ont pas su s’adapter à Internet.
C’est dommage car la concurrence, à partir du moment où les gens sont élégants, n’est mauvaise pour personne. Cela donne envie de se lever le matin.
Il est vrai qu’à Marseille, tout comme dans les autres villes de province, il se passe beaucoup moins de choses qu’à Paris. Nous aimerions faire partie des acteurs qui pourraient donner un second souffle à la culture à Marseille. J’aimerais être plus souvent sollicité par ma ville pour l’aider, je le ferais volontiers. Nous avons plein de musées (le Mucem, le Musée Cantini…), mais il faudrait aussi que la Ville ou l’État leur donne des budgets pour qu’ils puissent organiser de grandes expositions. C’est incroyable : quand vous allez à Paris, vous faites quatre heures de queue pour rentrer dans un musée, alors qu’en province il y a si peu d’expositions !
Nous sommes vraiment allés chercher les collectionneurs. Sans la Brafa et la Biennale, je pense que notre galerie n’existerait plus. Notre réseau a augmenté, mais ce ne sont pas des gens qui se sont mis à collectionner, ce sont plutôt des collectionneurs qui, avant, n’envisageaient pas d’acheter à Marseille. Maintenant, ils achètent, notamment chez nous.
À la vente, nous faisons un peu moins de 20 % de notre chiffre avec la clientèle locale. En revanche, à l’achat, elle représente environ 40 %. J’achète surtout en collections privées, j’aime le côté chasse au trésor – ouvrir des portes de maisons et trouver des objets inédits –, c’est comme ça que je conçois mon métier. Pour autant, je ne me prive pas d’acheter en ventes aux enchères quand cela a un sens. C’est ce qui s’est produit avec la toile de Marquet Marseille, le port qui correspondait exactement à ce que je cherchais.
En tout cas, je ne renoncerai pour rien au monde à mon cadre de vie et c’est sans doute plus facile de se constituer un réseau à Marseille plutôt qu’à Paris où les galeries sont très nombreuses.
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Alexis Pentcheff, galeriste à Marseille : « Il est plus facile de se constituer un réseau à Marseille qu’à Paris »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°619 du 20 octobre 2023, avec le titre suivant : Alexis Pentcheff, galeriste à Marseille : « Il est plus facile de se constituer un réseau à Marseille qu’à Paris »