PARIS
Drawing Now Art Fair, qui privilégie le focus sur un(e) artiste, inaugure pour sa 16e édition le circuit « Parallaxe », et propose une exposition placée sous le signe du féminin.
Paris. Drawing Now Art Fair revient pour une seizième édition qui réunit 73 galeries et met en avant le regard de sa directrice artistique et de ses commissaires invités à travers une exposition et un nouveau circuit, « Parallaxe » – des œuvres signalées sur les stands pour le « nouveau regard » qu’elles apportent sur l’histoire récente du dessin.
Temps fort de la semaine du dessin, Drawing Now Art Fair parvient depuis son lancement en 2007 à maintenir son axe principal, autour de la création dessinée des soixante dernières années, tout en renouvelant à la fois sa sélection et sa programmation. Cette édition comporte des performances, des « talks » et une exposition thématique intitulée « Prisme du féminin : machines, ovocytes, fil, potions » (qui se prolongera au Frac [Fonds régional d’art contemporain] Picardie à Amiens du 7 avril au 4 juin).
Sur ces plus de 70 galeries, la foire dénombre près de cinquante enseignes hexagonales, parmi lesquelles peu de leaders du marché (Templon, Lelong & Co.), mais de nombreuses galeries reconnues comme les parisiennes Anne Barrault, Bernard Jordan, Jean Fournier, Maubert, Semiose, auxquelles s’ajoutent Claire Gastaud (Clermont-Ferrand) et Catherine Issert (Saint-Paul-de-Vence).
Près d’un quart des participants viennent cette année de l’étranger : essentiellement d’Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Italie…), mais aussi d’Asie (Corée du Sud, Japon), des États-Unis, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de Serbie. Un peu moins d’un tiers des galeries exposent pour la première fois, ou reviennent à la foire, comme Aline Vidal, de retour après six années d’absence. Celle-ci présente sur son stand des dessins de Stéphane Thidet inspirés par l’invasion de la Russie en Ukraine, avec la série « Printemps » – une explosion de fleurs au marteau –, et « des lignes de feu », soit des brûlures sur papier réalisées à l’aide d’un fer à souder. La galerie fait également partie du parcours « Parallaxe », avec une œuvre de Sigurdur Arni Sigurdsson (Islande) réalisée en graphite sur aluminium. « Parallaxe » signale une sélection d’œuvres de seize artistes, cautionnée par les regards de Joana P. R. Neves, directrice artistique de la foire ; Loïc Le Gall, directeur de Passerelle Centre d’art contemporain à Brest ; et Hélène Guenin, directrice du Mamac (Musée d’art moderne et d’art contemporain) à Nice. Parmi les galeries étrangères, Martin Kudlek (Cologne) présente dans ce nouveau circuit les œuvres sur papier d’Oskar Holweck, un membre historique du groupe Zero, qui se fit connaître pour ses travaux à l’encre au milieu des années 1950.
Les galeries les plus établies, rassemblées au rez-de-chaussée dans le secteur général, ont pour consigne de consacrer chacune un focus à un(e) artiste. Ainsi de Julie Doucet (Grand Prix du Festival de la bande dessinée d’Angoulême 2023), figure de l’autofiction que met en valeur le stand d’Anne Barrault ; de Vera Molnár avec des collages présentés sur celui de Berthet-Aittouarès ; de Gilgian Gelzer, une figure du dessin contemporain dont les pastels à l’huile sur bois sont aux cimaises de la galerie Jean Fournier, ou encore de Daniel Dezeuze, un des fondateurs du mouvement Supports-Surfaces, dont Templon met à l’honneur les pastels et crayons…
Dilecta révèle pour sa part une série inédite de Mircea Cantor, dont un beau dessin au pochoir et au spray sur tatami. Parmi les découvertes à faire dans ce secteur général, la jeune artiste Yoora Lee (née en 1990) a créé pour l’occasion un ensemble sur papier avant son premier solo show en France annoncé à l’été dans les espaces de Semiose. Tandis que Thomas Henriot rapporte des rues de La Havane et de New York ses visions d’artiste voyageur, qu’il livre sous la forme d’encres de Chine sur papier bambou (Galerie Houg, Paris).
Cette 16e édition s’annonce ainsi très variée, d’autant qu’il y aura sans doute des trouvailles à faire au niveau – 1, du côté des galeries émergentes du secteur « Insight ». La lilloise Provost Hacker y montre par exemple les ciels et paysages au pastel sec de Nicolas Dhervillers, quand la galerie Bessières (Chatou) défend les compositions virtuoses et fourmillant de détails d’Octave Marsal. Diplômé en 2017 du Royal College of Art de Londres, ce dernier emprunte à Dürer les techniques traditionnelles de la gravure. C’est également au sous-sol, dans la section « Process », que sont explorées les hybridations du dessin avec la vidéo ou l’animation, notamment chez la toute jeune galerie Miyu qui fait entrer les NFT sur la foire : elle propose ainsi des œuvres existant à la fois sous une forme physique et numérique, en NFT, vendues sur le stand et sur la plateforme SuperRare.
Enfin, le 12e prix Drawing Now sera attribué à l’un des six artistes nommés : Suzanne Husky (née en 1975, galerie Alain Gutharc) ; Stella Sujin (née en 1983, Backslash) ; Marine Wallon (née en 1985, Catherine Issert) ; Mircea Cantor (né en 1977, Dilecta) ; Keita Mori (né en 1981, Catherine Putman) et João Vilhena (né en 1973, Alberta Pane). Doté de 15 000 euros (5 000 euros de dotation pour l’artiste, 10 000 euros d’aide à la production pour une exposition au Drawing Lab, ainsi que l’édition d’un catalogue monographique), il sera remis au lauréat ou à la lauréate lors du vernissage, le mercredi 22 mars.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le dessin, une mine inépuisable
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°607 du 17 mars 2023, avec le titre suivant : Le dessin, une mine inépuisable