PARIS
Œuvres variées choisies avec soin, retour des étrangers et notamment des musées américains, tout était réuni pour que de nombreuses ventes soient conclues.
Paris. Le Salon du dessin, qui a refermé ses portes le 23 mai après sept jours d’exposition au palais Brongniart, a renoué avec ses années fastes et même plus encore. « Nous avons retrouvé le salon d’avant Covid. L’année dernière, c’était une édition vraiment à part car il n’y avait pas d’étrangers », a commenté le marchand belge Patrick Lancz qui a vendu dès l’ouverture du vernissage – bondé – son œuvre phare, Au Parc, deux femmes assises, de Léon Spilliaert, 1907 (195 000 €). « Le salon est d’excellente qualité, avec davantage de pièces variées et importantes », ajoutait Antoine Laurentin (Paris-Bruxelles), qui s’est délesté d’une dizaine d’œuvres (autour de 50 000 €). D’ailleurs, tous les marchands ont bien vendu et se réjouissaient du retour des étrangers : Américains, Allemands, Suisses et surtout, point crucial, tous les conservateurs avaient fait le déplacement (le British Museum, Londres ; le Getty Museum, Los Angeles ; le Metropolitan Museum of Art (New York), ce dernier a même fait plusieurs achats).
Les ventes ne se sont pas fait attendre : Pêcheurs sous un pont, une sanguine de François Boucher, vers 1742-1750, vendue à un collectionneur privé à la galerie Didier Aaron (Paris) ; un paysage au lavis de Claude Lorrain, la pièce phare de la galerie parisienne de Bayser (600 000 €) ; Têtes d’une jeune femme et d’un satyre, de Jacques-Louis David (130 000 €) chez Benjamin Perronnet (Paris), à qui une institution américaine a aussi réservé Un guerrier grec poursuivi par un tigre, une pierre noire de Lagrenée, quand le Parisien Antoine Tarantino (le seul à exposer principalement des dessins italiens du XVIe au XVIIIe siècle) cédait à un musée américain deux feuilles à la plume – l’une, une ébauche, l’autre bien plus aboutie –, esquisses préparatoires pour le tableau Marcus Curtius se jetant dans le gouffre de Niccolo Ricciolini, vers 1750, aujourd’hui perdu. Le nouveau venu Ambroise Duchemin (Paris) faisait sensation avec son stand particulièrement soigné. « J’ai juxtaposé des œuvres allant du XVIIIe à l’art contemporain qui reflètent mon goût. » Parmi la dizaine de pièces vendues : un carnet de dessins de Théodore Géricault, vers 1808-1810, l’un des derniers conservés en main privé, tandis que Paysage au château de Victor Hugo (1857) est réservé.
Plusieurs stands avaient consacré l’un de leurs murs à un artiste : des collages poétiques de Jacques Prévert chez Loeve&Co (Paris), « offerts et dédicacés le plus souvent à un cercle d’amis proches, comme l’éditeur René Bertelé ou le créateur de la Série noire, Marcel Duhamel », a précisé Stéphane Corréard (entre 8 000 et 18 000 €, plusieurs vendus) ; Zoran Music chez Ditesheim & Maffei (Neuchâtel, Suisse) ; des gouaches hautes en couleur de René Gruau à la galerie Ary Jan (Paris), tandis que la galerie de la Présidence (Paris) consacrait un pan de son stand au thème « Allemagne, de 1914 à la Nouvelle Objectivité », avec des œuvres d’Otto Dix et de George Grosz – images violentes. Elle se séparait par ailleurs d’un pastel de François Kupka, vers 1920, et d’une Odalisque d’Henri Matisse (les deux autour de 100 000 à 150 000 €). Quant à Michel Descours (Lyon), il avait accroché un ensemble d’œuvres locales, rassemblées par le grand collectionneur lyonnais, Étienne Grafe, qu’il a eu l’opportunité d’acquérir à la suite de sa disparition. Très vite, le marchand a cédé deux études de figures drapées d’Antoine Berjon (1754-1843), chacune vendue « à un très grand collectionneur français » (45 000 € pièce).
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Salon du dessin : retour au niveau d’avant Covid
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°590 du 27 mai 2022, avec le titre suivant : Salon du dessin : retour au niveau d’avant Covid