PARIS
L’animation serait-elle l’avenir du dessin ? Elle constitue, en tout cas, l’une des variantes de ce médium qui se réinvente sans cesse.
« En quoi l’animation contribue-t-elle au dessin contemporain – et vice-versa ? » C’est autour de cette question, posée à neuf artistes, que Joana P.R. Neves, la directrice artistique de Drawing Now Art Fair, a conçu l’exposition au cœur de cette 17e édition – « Animation : mécanique de l’esprit ». Pourquoi choisir ce thème ? « Nous en parlions depuis un moment avec Christine Phal, la fondatrice et présidente de la foire. Cela correspond à un désir de démontrer à quel point le dessin est divers et contemporain », explique-t-elle. L’exposition promeut des œuvres ambitieuses, certaines rarement montrées, telle que l’animation de Fabien Granet, dont le langage graphique sert une pensée écologique.
Les artistes qu’elle met en avant témoignent aussi, en creux, du renouvellement des galeries participant à la foire. Ainsi Inci Eviner, qui bénéficie d’une reconnaissance institutionnelle et était présentée l’année dernière par l’enseigne Bendana-Pinel (Paris), absente cette fois de la sélection. Ou de Sébastien Laudenbach, qui montre aussi bien son travail dans les festivals de cinéma qu’à la galerie Myiu, laquelle n’a pas non plus candidaté cette année. Avec 73 galeries de quatorze nationalités différentes, cette édition s’ouvre en revanche à 40 % de nouveaux exposants. On verra cependant peu de films dans les trois secteurs de la foire, en dehors de ceux diffusés sur les écrans de l’exposition thématique. Sans doute la crainte de l’obsolescence technologique et la question de la monstration des œuvres restent-elles un frein à la vente des vidéos, et les galeries en proposent donc peu. Aquarelle ou crayon sur papier, gouache sur carton, fusain sur toile, fresque, diorama, encre sur pierre, papier journal « bronzé », textiles teints, pastels secs… le dessin pour autant n’est pas menacé de tomber en désuétude, ce que confirme depuis près de vingt ans le succès de la foire, dont la sélection offre un mix réussi d’artistes confirmés et de nouveaux talents. Des improvisations de Claude Viallat (galerie Catherine Issert) aux miniatures de Paola Ciarska (galerie 22,48 m2) des petits formats de Frédéric Bruly Bouabré (La galerie du jour Agnès b) aux grandes illustrations de Catherine Meurisse (galerie Barbier). Pour tous les goûts et (presque) toutes les bourses.
Mention spéciale du jury à la 56e biennale de Venise en 2015, finaliste 2023 du prix Marcel Duchamp, Massinissa Selmani place le trait au cœur de son travail, qui embrasse le dessin, le film d’animation, la sculpture et la fresque murale. Minimalistes, ses compositions énigmatiques évoquent d’étranges rébus, nourris de références à la littérature et à la poésie.
Galerie Anne-Sarah Benichou,
prix 9 000 €.
Cosmique, le travail de Caroline Corbasson envisage la manière dont les découvertes scientifiques ont renouvelé notre perception sensible du monde. Entre métaphysique et science, ses images au charbon ou à l’encre vinylique dirigent notre regard vers la mécanique des corps célestes ou dans le magma de la matière moléculaire, de l’infiniment grand à l’infiniment petit.
Dilecta,
prix de 800 € pour les petits formats à 20 000 € pour le grand polyptyque.
La galerie qui soutient l’œuvre de Pierre Tal-Coat (1905-1985) depuis trente ans présente un ensemble inédit de compositions sur papier – mines de plomb, fusains et aquarelles. Couvrant deux décennies (de 1960 à 1980), celles-ci proviennent de la collection particulière de la compagne de l’artiste breton auquel le Grand Palais consacra une rétrospective en 1976.
Galerie Berthet-Aittouarès,
prix entre 3 500 € et 11 000 €.
Olivier Gruber s’impose comme contrainte le format A3 de la feuille de papier Canson, cadre d’un imaginaire fertile peuplé de créatures colorées, oiseaux, singes, paresseux… et de fleurs hiératiques. Dessinateur compulsif et coloriste inspiré, il consigne ses observations au stylo-bille et passe du croquis à l’image animée, ainsi que le montre la vidéo présentée sur le stand.
Invisible galerie,
prix 2 600 €.
Anne-Lise Coste – à laquelle le Crac, à Sète, a consacré une exposition personnelle en 2019 – montre ici des dessins réalisés entre 2020 et 2024, à l’aérographe, à la mine de plomb et à l’acrylique. Le principe de spontanéité, d’urgence, est au cœur de la pratique à la fois politique et intimiste de l’artiste, qui créera lors d’une performance sur le stand une série d’œuvres au spray et au pastel.
Lullin + Ferrari,
prix entre 1 000 € et 4 000 €.
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Drawing Now, le trait en mouvement
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°773 du 1 mars 2024, avec le titre suivant : Drawing Now, le trait en mouvement