Le fondateur de la Galerie Taménaga, disparu le 26 mars à Tokyo, a contribué à faire rayonner l’École de Paris au Japon.

Longtemps installé entre le Japon, la France et les États-Unis, Kiyoshi Taménaga fut un ambassadeur de la peinture figurative occidentale. Il est décédé le 26 mars 2025 à l’âge de 93 ans à son domicile de Tokyo.
En 1957, à son arrivée à Paris, il s’intéresse à la technique de la peinture à l’huile, jusqu’alors non maîtrisée au Japon : « Cette technique leur était étrangère, ils ignoraient comment exploiter ces couleurs », avait-il raconté. Il se passionne pour les figures impressionnistes – Monet, Renoir, Degas – et pour l’École de Paris, établissant des liens avec des artistes emblématiques tels que l’artiste japonais Foujita (1886-1968).
Grâce à Foujita, Kiyoshi Taménaga est introduit dans les cercles artistiques parisiens. Très vite, il nourrit le désir de transmettre l’héritage de l’École de Paris à son pays natal. En 1962, alors que l’abstraction domine, il organise la première Exposition Internationale du Figuratif à Tokyo. Il rassemble les œuvres de Foujita, Picasso, ainsi que celles d’autres artistes plus jeunes qu’il accompagne. Lors de la troisième édition, il présente notamment les artistes Chagall et Giacometti.
En 1969, Kiyoshi Taménaga inaugure sa première galerie : la Galerie Taménaga à Tokyo, nichée au rez-de-chaussée d’un immeuble du quartier de Ginza. Il choisit l’orthographe française pour inscrire sur sa devanture « Galerie ». Puis, en 1971, il acquiert la Galerie Romanet, 18 avenue Matignon à Paris, et choisit pour son exposition inaugurale la peinture figurative japonaise. C’est la première galerie japonaise à ouvrir une antenne à Paris. Il ouvre ensuite une troisième galerie à Osaka.

Toujours dans l’objectif de rapprocher les cultures françaises et japonaises, Kiyoshi Taménaga invite ses artistes à séjourner au Japon, notamment Bernard Buffet, qui trouvera dans ses résidences de nouvelles sources d’inspiration. Le succès de son œuvre sur le marché asiatique participe à sa redécouverte critique : le Japon lui consacre d’ailleurs un musée, inauguré en 1973 à Higashino, le premier musée au Japon dédié à un artiste occidental.
En 1984, le président François Mitterrand le nomme Chevalier des Arts et des Lettres, puis, deux ans plus tard, en 1986, Jacques Chirac inaugure une exposition rassemblant Goya et Chagall dans sa galerie. S’ensuit, en 1989, l’ouverture de son antenne aujourd’hui fermée à New York, sur Madison Avenue, puis, en 2021, une nouvelle galerie à Kyoto au Japon.
Collectionneur, Kiyoshi Taménaga a constitué l’une des plus grandes collections privées de maîtres occidentaux. Parmi les œuvres figurent des Nymphéas de Monet, une Vierge d’Ingres, une Cléopâtre de Delacroix, ainsi que des tableaux de Picasso, Cézanne et d’autres.
Aujourd’hui, ce sont son fils Tsugu et son petit-fils Kiyomaru qui perpétuent l’héritage artistique familial. Récemment, la galerie de Tokyo a exposé une sélection d’œuvres de Georges Rouault, et celle d’Osaka des pièces de Bernard Buffet.

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Kiyoshi Taménaga (1932-2025)
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