PARIS
Pour cette édition, les commissions ont été confiées à plusieurs compagnies indépendantes d’experts. Certains exposants en ont fait les frais.
Paris. Le Syndicat national des antiquaires (SNA), organisateur de la Biennale Paris, avait décidé de renforcer l’étape capitale du « vetting » (contrôle effectué par les commissions d’expertise) en adoptant deux mesures inédites dans l’histoire de la manifestation. D’abord, la présidence de la CAO (commission d’admission des œuvres), retirée au président du SNA, a été confiée conjointement à Frédéric Castaing, président de la CNE (Compagnie nationale des experts), et Michel Maket, président du SFEP (Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection). Ensuite, les exposants qui figuraient sur les listes des commissions ont été écartés tandis que ces mêmes listes ont été renouvelées à hauteur de 20 %. Une très bonne chose quand il est primordial dans cet exercice d’éviter les conflits d’intérêts et de trancher en toute indépendance. « À mon sens, les équipes ont été exemplaires. Certaines ont passé dix à douze heures sur le salon et il y a eu très peu d’appel. Les décisions ont été prises à l’unanimité. J’ai personnellement suivi avec beaucoup d’attention la commission mobilier XVIIIe siècle et j’ai été impressionné par son professionnalisme et son efficacité », a indiqué Frédéric Castaing. Cependant, plusieurs exposants se sont plaints de la dureté des commissions, notamment pour le mobilier ancien. Alain Berger (Galerie Berger, Beaune) qui n’était pas revenu à la Biennale depuis 1978, est furieux : « Le vetting a été un carnage ! Ils ont retoqué des pièces sous de faux prétextes. À propos d’un cartel en corne verte, ils ont mentionné qu’il avait eu une petite réparation. Mais c’est oublier qu’il a 300 ans d’âge ! »
Les commissions ont également vidé de leur contenu certains stands. Les visiteurs ont ainsi eu la surprise de découvrir un stand fermé. « Nous avons utilisé le “pré-vetting” et sélectionné ensemble les objets. Quand la commission d’expertise est passée et m’a enlevé 80 % des lustres, j’ai trouvé cela injuste alors j’ai décidé de fermer mon stand », a expliqué Régis Mathieu, le fondateur de la Galerie Lumières (Paris), avant de déplorer l’absence d’experts en lustres. « Cet exposant était tout à fait de bonne foi mais je pense qu’il y a eu un malentendu sur ce qu’est la Biennale aujourd’hui », a commenté Frédéric Castaing. « Le vetting a été excessif parfois. Les experts m’ont fait sortir une petite table que j’avais laissée dans son jus sous prétexte qu’elle n’était pas de niveau Biennale car elle n’avait pas été assez restaurée. Il faudrait savoir ! », s’est exclamé Ludovic Pellat de Villedon. « Ceux qui disent que ça a été excessif sont ceux qui se satisfaisaient du laxisme précédent. Nous n’avons pas été excessifs mais objectifs en considérant que certains objets n’avaient pas leur place sur ce salon », a rétorqué le président de la CNE. À son grand regret, le pré-vetting a été peu utilisé, ce qui est dommage étant donné les délais raccourcis des expertises sur place : « Nous avons également manqué de temps pour expliquer aux exposants nos décisions afin de faire avancer le dialogue et je le regrette. Il faudra améliorer », a-t-il conclu.
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Des commissions d’admission des œuvres plus rigoureuses, trop même pour certains
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Des commissions d’admission des œuvres plus rigoureuses, trop même pour certains