Foire & Salon - Antiquaire

FOIRE D’ANTIQUAIRES

Biennale Paris 2017, en quête d’un nouvel élan

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2017 - 862 mots

PARIS

La nouvelle version de la Biennale a fermé ses portes après une semaine sans euphorie. La fréquentation a été limitée tandis que de grands marchands manquaient à l’appel. Mais les organisateurs se veulent optimistes.

Paris. Pour sa première édition annuelle, qui s’est tenue du 11 au 17 septembre, la Biennale Paris [ex-Biennale des antiquaires] ne s’annonçait pas vraiment sous les meilleurs auspices : une baisse du nombre de participants de l’ordre de 25 % (ils étaient 93 cette année au lieu de 124 l’an passé) ; un décor signé Nathalie Crinière réutilisé, annulant ainsi l’effet de surprise jadis tant convoité par les autres salons ; l’absence de plusieurs grands marchands étrangers présents encore l’an passé même si d’excellents marchands étaient là ; et des défections de dernière minute. Des comptes en berne et une fréquentation en baisse en 2016 parachevaient les inquiétudes.

Peu de chefs-d’œuvre

Dans sa forme générale, le Salon tenait pourtant la route, avec sa scénographie sobre et convenue, un plan clair et une circulation aisée. « Les bases de la nouvelle Biennale sont solides, même s’il y a des ajustements à apporter, comme partout. Le public était absolument ravi et étonné de ce qu’il a pu lire dans la presse », a commenté Anthony Meyer, membre du conseil d’administration du SNA (Syndicat national des antiquaires).

Après avoir visité l’exposition de la collection de la famille Barbier-Mueller installée de part et d’autre de la nef, le visiteur aurait cependant aimé voir plus de pièces importantes sur les stands, surtout pour un Salon qui se présente comme « le plus grand musée éphémère du monde ». Parmi les quelques chefs-d’œuvre, on pouvait relever la tapisserie des Chasses de Maximilien, XVIIe siècle, d’après Bernard Van Orley (1492-1540), sur le stand de la Galerie Chevalier (Paris), lequel déclarait avoir une touche sérieuse ; une Vue des gorges de la Loue, par Courbet, à la galerie Art Cuéllar-Nathan (Zürich) affichée à 800 000 euros ; un bureau de Paul Dupré-Lafon gainé de cuir rouge Hermès et parchemin sur le stand de la Galerie Chastel-Maréchal (650 000 euros, [Paris]) ou encore une déesse Durgâ en terre cuite, Inde, époque Gupta, proposée à un peu plus de 200 000 euros chez Christophe Hioco (Paris).

Même si le niveau de fréquentation est en légère hausse, le chiffre reste inférieur à ceux affichés par la Brafa à Bruxelles : 60 000 personnes. Tout au long de la semaine, « c’est resté assez calme », a rapporté ainsi un exposant. De même, le dîner de gala organisé le samedi soir de l’inauguration n’a réuni que 800 convives contre 1 200 à 1 400 dans les années fastes. Même scénario pour le vernissage VIP pendant lequel les allées du Grand Palais sont apparues clairsemées, le soir aussi. La langue qui dominait restait le français mais certains exposants ont affirmé avoir rencontré quelques Russes, Allemands et Asiatiques, et ont constaté le retour des Américains.

Pour à un événement qui revendique son excellence, comment ne pas s’étonner de constater une hétérogénéité des stands ? « Pour moi, le vrai point noir du salon est qu’une quinzaine de marchands n’ont pas leur place ici », a regretté un participant. Plusieurs exposants ont pourtant soigné leur présentation, à l’exemple de la Galerie François Léage (Paris) qui a orné ses murs de boiseries à décor des Quatre Continents, probablement de la main de Claude Nicolas Ledoux. Deux stands ont également été particulièrement appréciés – ils ont d’ailleurs remporté le tout premier « prix de la commission Biennale » pour la qualité des objets présentés et de la mise en scène : celui de la Galerie Delalande (objets de curiosité et de marine, [Paris]) et celui de la galerie allemande Röbbig München (arts décoratifs anciens).

Des transactions invérifiables

Si manquait la frénésie acheteuse des décennies précédentes, telle qu’on la voit aujourd’hui dans les grandes foires d’art contemporain, les marchands se sont déclarés pour la plupart d’entre eux satisfaits de leur volume de vente. Une information difficile à vérifier Plusieurs marchands parmi lesquels Victor Gastou (Paris) ont ajouté qu’ils avaient trouvé les clients « plus enthousiastes et davantage acheteurs que l’an passé ».

Parmi les transactions notables, citons une grande console en bois sculpté, fin de l’époque Louis XIV, achetée autour de 200 000 euros par le décorateur Jacques Garcia pour son château du Champ de Bataille au marchand Ludovic Pellat de Villedon (Versailles) ; un tableau préparatoire pour Adam et Eve, de Cabanel, conservé au Musée d’Orsay et acquis auprès de la Galerie Mendes par une collectionneuse ; une statuette féminine en albâtre gypseux, Anatolie occidentale ou Cyclades, Ve-IVe millénaire av. J.-C. (entre 500 000 et 900 000 euros) à la Galerie Kevorkian (Paris), ou encore un ensemble d’une douzaine de pâtes de verre colorées d’Henry Cros (1840-1907) chez Brame & Lorenceau (Paris).

Si d’ordinaire plusieurs événements périphériques contribuaient au rayonnement de la Biennale, cette année, on n’en comptait guère plus d’une poignée, à l’exemple de l’exposition « Chefs-d’œuvre du XVIIe et du XVIIIe siècle» organisée à la galerie F. Baulme, et de quelques ventes aux enchères, dont la dispersion de la collection Alberto Pinto chez Christie’s qui a totalisé 12 millions d’euros. Même les alentours du Grand Palais semblaient ignorer la manifestation. Il y a encore du travail.

 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Biennale Paris 2017, en quête d’un nouvel élan

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