PARIS
Le salon d’antiquaires, devenu annuel malgré ce que laisse supposer son nom, n’accueille que 62 galeries, dont très peu de marchands étrangers, contre 93 l’an dernier. Une dynamique inquiétante.
Paris. La Biennale Paris (anciennement Biennale des antiquaires) – devenue annuelle en 2017 – fête cette année sa 30e édition du 8 au 16 septembre au Grand Palais. Une date anniversaire qui n’a pas simplifié la tâche du Syndicat national des antiquaires (SNA), organisateur de la manifestation. En effet, plus encore que les années passées, le SNA a eu du mal à boucler sa liste d’exposants, qui n’a finalement été dévoilée que le 23 juillet. « Aujourd’hui, il y a beaucoup de foires, alors les galeries ne savent plus où donner de la tête. Les exposants s’inscrivent et se désinscrivent au gré des propositions qui leur sont faites », expliquait Mathias Ary Jan, le président du SNA qui a préféré attendre le dernier moment pour communiquer la liste définitive. Il faut dire que l’annonce de la nouvelle foire Sublime, qui devait se tenir en octobre – soit un mois après la Biennale – mais finalement repoussée à l’année prochaine, a sans doute semé le trouble dans les esprits. « À l’annonce de cette nouvelle foire, j’ai eu peur pour la Biennale, alors j’ai décidé de passer mon tour cette année, car cela représente un investissement important pour moi. Ensuite, Sublime a été reportée, mais c’était trop tard, je n’avais pas les pièces », racontait un marchand parisien. Les coups bas et les chamailleries entre les marchands n’ont rien arrangé.
Malgré tout, la Biennale reste le premier événement important de la rentrée artistique, mêlant toutes les spécialités depuis l’art ancien jusqu’à l’art moderne et contemporain, en passant par les arts décoratifs du XXe siècle et les arts extra-européens. Par petites touches seulement, quelques modifications ont été apportées à la configuration générale. Si le décor est signé Nathalie Crinière depuis trois ans, en revanche c’est le styliste et designer Jean-Charles de Castelbajac qui a été sollicité pour réaliser la scénographie de l’exposition muséale déplacée des extrémités de la nef sous la coupole. Cette exposition, qui fait suite à celle de Barbier-Mueller, met en lumière la collection de Pierre-Jean Chalençon à travers une vingtaine de pièces parmi un ensemble de 1 200 qu’il a réuni autour de Napoléon. Autre changement notable, le plan au sol est désormais rectiligne : deux allées principales distribuent les stands de part et d’autre de la nef tandis qu’une place rectangulaire s’est substituée à la rotonde centrale.
Le vetting (commission d’admission des objets) – largement refondu l’an passé – reste coprésidé par Frédéric Castaing, président de la Compagnie nationale des experts (CNE) et Michel Maket, président du Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection (SFEP), les exposants ne pouvant plus en faire partie depuis 2017.
Ce sont donc 62 galeries (joaillerie comprise) qui ont rallié l’événement et non pas 85 comme annoncé en mai dernier. Cela représente 31 galeries en moins par rapport à l’an passé, qui en comportait 93 (-33 %). Petite consolation du coup, aucun stand n’a été installé sous les mezzanines. Plusieurs grandes enseignes internationales ont décliné : Mullany (Londres), Röbbig (Munich), Robilant + Voena (Londres), Epoque Fine Jewels (Belgique) ou encore les galeries françaises Eberwein, Downtown, Éric Coatalem, Jacques Leegenhoek, Delalande, Chevalier et Gismondi. Certaines ne sont pas rentrées dans leur frais l’an passé, d’autres estiment l’événement trop tôt dans la saison, déplorent un vetting trop sévère ou invoquent encore un manque de visibilité : « si nos confrères ne sont pas là, leurs clients non plus donc nous ne sommes pas gagnants », a expliqué Guillaume Léage (galerie François Léage).
Une douzaine de marchands – dont certains peu connus qui devront faire leurs preuves – participent pour la première fois à l’événement : Rosenberg (New York), Martel-Greiner (Paris), Laurent Dodier (Le Val-Saint-Père), Marc Maison (Paris), Clara Scremini (Paris) qui promeut le verre contemporain, Esnol Gallery (Paris), galleria Russo (Rome), la galerie de Souzy (Paris) ou encore Charles Hooreman (Paris). L’antiquaire en chambre, spécialisé en mobilier français du XVIIIe siècle avec une prédilection pour les sièges, s’est décidé à participer à un salon et a choisi la Biennale pour débuter. Pour autant, certains marchands reviennent après une ou plusieurs années d’absence, comme les galeries Jacques Barrère ou Tanakaya. Au final, sur les 62 exposants, seulement 12 sont étrangers (34 en 2017), dont un New-Yorkais (Rosenberg) et un Anglais (Whitford).
L’an passé, la Biennale avait officiellement accueilli 32 000 visiteurs. Cette année, le SNA espère dépasser le seuil des 40 000 entrées.
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Biennale Paris, une 30e édition en format réduit et sans éclat
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°506 du 7 septembre 2018, avec le titre suivant : Une Biennale en réduction