Antiquaire - Foire & Salon

Biennale Paris

Mathias Ary Jan : « Des décisions courageuses nous ont coûté des exposants »

Président du Syndicat National des Antiquaires

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2018 - 665 mots

PARIS

Le président du Syndicat national des antiquaires éclaire les raisons des orientations prises par son organisation pour renouveler ce rendez-vous des antiquaires.

Mathias Ary Jan, président du Syndicat National des Antiquaires
Mathias Ary Jan, président du Syndicat National des Antiquaires.
Photo Didier Plowy
© SNA

Mathias Ary Jan est président du Syndicat national des antiquaires (SNA) depuis novembre 2016. Il s’explique sur l’annualisation, la baisse du nombre d’exposants, le vetting...

Vous annoncez que cette 30e édition est une étape majeure. Pour quelle raison ?

Le fait que ce soit la deuxième année d’annualisation va asseoir davantage l’événement. Ensuite, le plan au sol a été modifié : il n’y a plus d’allée centrale, mais deux grandes allées, ce qui est très égalitaire pour les galeries, jeunes ou historiques, car les visiteurs seront obligés de passer devant chaque stand. Ce n’était pas le cas auparavant. Il n’y a plus aucun exposant sous les mezzanines, donc une vingtaine de stands ont été sacrifiés. Plusieurs faits inédits marquent aussi cette édition : les Champs-Élysées seront pavoisés avec l’affiche de la Biennale ; le Grand Palais participera aux Journées européennes du patrimoine avec une nocturne gratuite le samedi 15 septembre ; enfin, le dîner de gala aura une vocation caritative : ses bénéfices seront reversés à l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) présidée par le collectionneur américain Tom Kaplan. Il a choisi la Biennale et pas un autre salon !

L’annualisation est-elle une bonne stratégie ?

Mon élection à la tête du SNA symbolise une nouvelle génération de marchands. Même si je reste très attaché au passé, penser aux Biennales comme il y a vingt ans n’est plus possible, car le monde a profondément changé. Tout s’est accéléré, les maisons de ventes sont omniprésentes, sans parler de la multiplicité des salons. L’annualisation aurait dû être proclamée il y a quinze ans. Rappelons qu’elle a été votée par près de 80 % des membres du SNA.

Il n’y a que 62 exposants, soit 31 de moins que l’an passé… Qu’est-ce qui explique cette baisse de participation ?

Je regrette qu’il n’y en ait pas plus bien sûr. Il est vrai qu’il manque aussi une dizaine de grandes enseignes internationales. La concurrence est féroce ; mais aussi, la Biennale se tient très tôt dans la saison, encore plus tôt que l’an passé, alors qu’en 2019 elle sera programmée plus tard. Et puis le renforcement du vetting a joué. En 2017, nous avons fermé un stand, une décision extrêmement courageuse, qui ne s’est jamais vue sur un autre salon. Le sérieux du vetting nous a coûté des exposants et inspiré de la crainte parmi certains qui ont refusé de faire la Biennale. Vaut-il mieux être très tolérant et avoir 120 galeries ou poursuivre notre stratégie ? J’opte pour la deuxième solution, même si cela est pénalisant. Au moins, les objets qui franchissent le Grand Palais sont irréprochables. Pour moi, c’est plus important que le nombre d’exposants, les noms… Par ailleurs, l’année dernière nous avons mis en place le même système qu’à Tefaf : sur un tableau, nous notions le nombre d’entrées [via les cartes d’invitaion ndlr] de chaque exposant tout au long de la semaine. Certaines des galeries les plus importantes n’ont fait qu’entre deux et dix entrées. Elles n’ont pas joué le jeu alors que des galeries moins en vue ont enregistré entre 200 et 400 entrées, n’hésitant pas à partager leurs clients !

Pourquoi la liste des exposants a été bouclée si tard ?

Pour toutes les raisons évoquées précédemment, mais aussi les guerres d’ego et les fausses rumeurs, le salon qui a lieu deux mois après à Paris, les affaires de faux mobilier…Ce qui est triste, c’est que c’est tout le marché parisien qui en pâtit.

L’annulation du salon Sublime a-t-elle eu des répercussions ?

Aucune, car les marchands qui souhaitaient participer à Sublime n’auraient de toute façon pas fait la Biennale.

Et la haute joaillerie ?

J’ai regretté que l’ancien conseil ait rompu le dialogue avec elle. Nous sommes toujours en discussion et je souhaiterais son retour, mais aujourd’hui, sa stratégie n’est pas de revenir à la Biennale.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°506 du 7 septembre 2018, avec le titre suivant : Mathias Ary Jan, président du Syndicat National des Antiquaires : « Des décisions courageuses nous ont coûté des exposants »

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