PARIS [01.07.16] - Deux ans presque jour pour jour après avoir vendu sa galerie et les meubles et objets qu’elle contenait, Jean Renoncourt, 91 ans, s’est éteint mardi 28 juin chez lui face à la Seine.
A la retraite depuis deux ans, l’antiquaire Jean Renoncourt est mort à 91 ans chez lui, au-dessus de son ancienne galerie - à l’angle de la rue des Saints-Pères et du Quai Malaquais - que Jacques Chirac avait surnommé « le fleuron du quai ». Ses obsèques sont célébrées vendredi 1er juillet à 14h30 en l’église de Saint-Germain-des-Prés.
Toute sa vie, il a défendu le mobilier du Premier Empire et Restauration. Le 15 juin 2014, la maison de vente Rouillac dispersait lors d’une dernière vente dans l’Orangerie du château de Cheverny (Loir-et-Cher), 180 meubles d'époque Empire et Restauration. La vente, sans prix de réserve, avait atteint 770 000 euros avec les frais, dans la fourchette de son estimation (500 à 800 000 euros, hors frais). La maison Rouillac s’attendait à une vente « gants blancs » mais tout n’avait pas été vendu, du fait de la désaffection du public pour ce type de meuble et peut-être aussi parce que trop de pièces Empire avaient été présentées, le marché ne pouvant pas tout absorber. De plus, « il ne s’intéressait pas à histoire de ces objets mais aux objets eux-mêmes. C’était du mobilier Empire de bonne qualité mais pas du mobilier historique. Or aujourd’hui, c’est la provenance qui prévaut », rapporte Aymeric Rouillac. « Il n’achetait pas les objets pour leur histoire. Il fallait que l’objet lui parle. Sa devise était : si tu parles d’un objet ne l’achète pas mais s’il te parle, achète-le », poursuit le commissaire-priseur.
L’antiquaire avait choisi l’OVV Rouillac pour vendre son fonds de galerie, juste après la vente du coffre de Mazarin (acheté par le Rijksmuseum d'Amsterdam le 9 juin 2013 à Cheverny pour 7,3 millions d'euros) : « vous avez vendu le coffre avec panache ! A Paris, je n’y crois pas, j’aimerais vendre avec vous en province ». « Mais pourquoi ne pas vendre avec les anglais ? », lui avait rétorqué à l’époque Aymeric Rouillac. « Les anglais ? Vous n’y pensez pas ! Ils sont anglais et moi, je ne peux pas vendre à des anglais », lui avait-il répondu.
Jean Renoncourt avait commencé sa carrière aux Puces mais il avait d’autres ambitions. A l’époque, c’est le XVIIIe siècle qui est à l’honneur sur l’avenue Saint-Honoré, trop cher pour l’antiquaire débutant. Il se tourne alors vers la Restauration puis l’Empire. Pourquoi ? « Je me suis lancé sur un créneau qui n’était pas cher et qui n’était pas le plus recherché. Finalement, j’ai aimé ça », avait-il plaisir à raconter. Dans son magasin régnaient alors les meubles en bois blond, sièges gondoles, cols de cygnes, somnos ou autres psychés, méridiennes et lustres à foison.
Grand voyageur, le marchand a notamment beaucoup acheté en Suède, vivier important de meubles Empire grâce au Maréchal de Napoléon Premier, Jean-Baptiste Bernadotte, futur roi de Suède. Là-bas, il relance les ventes dans cette spécialité, achetant très cher pour revendre encore plus cher en France, en Europe et même aux Etats-Unis. Il a eu pour clients le Président Jacques Chirac, le Roi et la Reine de Jordanie, André Malraux, Grace de Monaco et bien d’autres grands de ce monde.
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Décès de Jean Renoncourt, le doyen des antiquaires
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