Napoléon

Retour d’exil pour les meubles de l’Empereur

Le Journal des Arts

Le 11 mai 2016 - 433 mots

Le Musée de l’armée expose pour la première fois en France le mobilier ayant entouré l’Empereur déchu
dans sa demeure de Sainte-Hélène, dont 32 pièces historiques qui ont été restaurées.

PARIS - Connue de tous, l’île de Sainte-Hélène, caillou rocheux perdu dans l’Atlantique Sud, est presque inaccessible : une seule liaison maritime assure le ravitaillement des habitants. Pourtant, 6 000 visiteurs se rendent chaque année dans les Domaines nationaux de Sainte-Hélène (propriété du ministère des Affaires étrangères), preuve de l’attrait des touristes pour la figure de l’Empereur déchu.

Au Musée de l’armée, « Napoléon à Sainte-Hélène » présente pour la première fois en France le mobilier ayant entouré l’Empereur sur l’île, dont des pièces habituellement exposées à Sainte-Hélène qui ont bénéficié d’une restauration. Sous les tropiques, les collections du ministère comme les dépôts des musées napoléoniens de France ont souffert du climat chaud et humide. La campagne de restauration, engagée en 2010 grâce à une souscription publique et à l’aide de la Fondation Napoléon (pour un budget total de 2,2 millions d’euros) a porté sur le bâtiment de Longwood House, dernière demeure de l’Empereur, et sur le mobilier, concernant en particulier 32 pièces historiques rapportées en France par cargo. Cette campagne a permis une étude scientifique approfondie des conditions de vie de Napoléon durant les cinq dernières années de sa vie, dont une synthèse est présentée dans le parcours de l’exposition.

L’évocation de Longwood House, une demeure meublée à la va-vite à l’arrivée du « prisonnier » en 1816, est enrichie de modélisations 3D : c’est ainsi que l’on peut constater que dans la salle du billard restauré les meubles sont rustiques et inadaptés à l’exiguïté de la pièce. Grâce aux prêts des musées français, les vestiges de la splendeur de l’Empire cohabitent avec les meubles d’occasion fournis par les geôliers anglais : aujourd’hui au Louvre, l’athénienne de Napoléon Ier et les pièces du service égyptien de Sèvres ont accompagné l’Empereur dans son exil. C’est donc dans un environnement alternant luxe inouï et ordinaire de seconde main que vit celui qui est dorénavant le « général Buonaparte » pour les Anglais. Les deux lits de camp (Musée de l’armée et Musée de Rueil-Malmaison) qui ont forgé la dernière légende de Napoléon retrouvent les meubles de Longwood : à la mort de l’Empereur, en 1821, son testament disperse meubles et objets entre sa famille et ses derniers compagnons. À Sainte-Hélène, depuis les années 1950, une partie du mobilier a réintégré les murs. Bonne nouvelle : en mai, l’inauguration d’un aéroport reliant l’île à Johannesburg en Afrique du Sud devrait faciliter la visite des domaines.

Napoléon à Sainte-Hélene

La conquête de la mémoire, jusqu’au 24 juillet, Musée de l’armée, Hôtel national des Invalides, 129, rue de Grenelle, 75007, Paris, tél. 01 44 42 38 77, www.musee-armee.fr, tlj 10h-18h, entrée 8,50 €. Catalogue, coéd. Gallimard/Musée de l’armée, 304 p., 35 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°457 du 13 mai 2016, avec le titre suivant : Retour d’exil pour les meubles de l’Empereur

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