Foire & Salon

FOIRE D’ART INTERNATIONALE

Art Rotterdam, à la découverte des jeunes artistes

Par Mathieu Oui · Le Journal des Arts

Le 13 février 2019 - 723 mots

ROTTERDAM

La 20e édition de la foire néerlandaise fait la part belle à la scène européenne et émergente, en s’appuyant en particulier sur le puissant réseau d’écoles d’art des Pays-Bas.

Rotterdam. Décontracté et intergénérationnel, le public était au rendez-vous de la 20e édition d’Art Rotterdam, organisée du 7 au 10 février. Pour la sixième année consécutive, la foire est présentée dans l’usine Van Nelle, imposant vaisseau moderniste classé au patrimoine mondial de l’humanité. La sélection 2019 était resserrée à 90 galeries, soit 25 % de moins que l’édition précédente. « Nous sommes une foire européenne avec un focus sur les pays voisins, comme la France, la Belgique, l’Allemagne », résume son directeur, Fons Hof. Sur les onze pays participants, on trouve aussi des exposants venus du Royaume-Uni, de Suisse, d’Italie ou du Danemark.

Les transactions se situent dans une fourchette allant de 5 000 à 20 000 euros. « Au-dessus, les ventes s’avèrent plus difficiles, nous sommes un plat pays ! », plaisante le directeur. Rencontrée au troisième jour d’ouverture, Cokkie Snoei, qui a ouvert sa galerie à Rotterdam en 1989, se déclare très satisfaite. Elle a quasiment vendu toutes les pièces proposées sur son stand : les toiles abstraites inspirées par Van Gogh de Diana Roig comme les drôles de sculptures et installations en broderie d’Ulla-Stina Wikander. Après une première participation aux résultats mitigés en 2017, la galerie Specta de Copenhague tente à nouveau sa chance avec un solo/duo show, associant la peintre danoise Ditte Ejlerskov et le plasticien espagnol Carlos Aires. Au troisième jour, quelques collages de billets de banque de la série « Disaster », affichés à 1 000 euros pièce, ont été vendus. « L’ancienneté de la foire joue en sa faveur ; l’organisation est bien rodée, analyse la directrice de la galerie, Gitte Johannesen. Et puis les galeries néerlandaises attirent un public de collectionneurs locaux avec lesquels nous prenons contact. »

L’art émergent en vedette

L’une des particularités d’Art Rotterdam est de miser sur la jeunesse, grâce notamment aux liens développés entre les galeries locales et les nombreuses écoles d’art du pays tels la Rietveld Academie, les Ateliers à Amsterdam ou encore l’école d’art de Maastricht. « Et bon nombre des artistes étrangers présentés ici sont diplômés de ces établissements », explique Fons Hof. « L’offre sur les stands est très expérimentale et stimulante : on fait beaucoup de découvertes », témoigne de son côté Ida Wollens, de DMW Art Space. Cette galerie d’Anvers est l’une des treize formant la section « New Arts », consacrée à la présentation d’artistes de moins de 35 ans et située stratégiquement au centre de l’espace d’exposition. Pour les quatre jours d’ouverture, la location du stand est facturée 3 900 euros. La galerie en ligne Un-Spaced (Paris) a retenu pour cet espace l’artiste français Thomas Hauser, exposé l’été dernier aux Rencontres d’Arles et dont les œuvres associent photographies et sculptures. « Comme Thomas est sélectionné parmi les jeunes talents du Foam [musée de photographie d’Amsterdam], nous pensions que c’était judicieux de le présenter ici, explique Hugues-Albes Nicoux. Une des difficultés pour les jeunes artistes français que nous présentons est de leur faire passer les frontières et de leur donner une visibilité. » S’il juge les propositions sur la foire disparates, le fondateur d’Un-Spaced apprécie son dynamisme, sa fréquentation (« Dès 11 heures du matin, il y a déjà du monde »), et un programme VIP très fourni.

Dans une autre section de la Van Nelle Fabriek, un imposant entrepôt accueille les 67 lauréats 2017 du Young Talent Grant proposé par le Mondriaan Fund. Ouverte à tous les jeunes artistes, néerlandais ou non mais ayant poursuivi un cursus d’art aux Pays-Bas, cette bourse s’élève à 19 000 euros pour une année. Formée en photographie à la Rietveld Academie puis à l’AKV de Breda (Pays-Bas), la Bulgare Hristina Tasheva a pu, grâce à ce financement, mener à bien deux projets de livres photos. Elle présente le plus récent, In Belief is Power, conçu autour de la question de la migration et des réactions nationalistes dans son pays natal. L’ouvrage réunit photos, dessins et témoignages de ses compatriotes.

Parallèlement à la foire, la « Art Rotterdam Week » proposait visites d’ateliers, vernissages (exposition « Netherlands Bauhaus » au Boijmans Museum), et la visite d’autres foires spécialisées : « Haute Photographie », autour de l’image fixe, et « Object », consacrée au design. Quant aux collectionneurs, ils ont eu droit à un riche programme comprenant visites d’ateliers des grands architectes locaux (MVRDV, OMA) .

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°517 du 15 février 2019, avec le titre suivant : Art Rotterdam, à la découverte des jeunes artistes

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