La 60e édition du prestigieux rendez-vous est pilotée par le commissaire et critique brésilien Adriano Pedrosa. Les thèmes de l’exil et des minorités sont au centre de sa proposition artistique, qui veut faire entendre les voix de l’hémisphère Sud.
Tous les deux ans, Venise devient le centre du monde de l’art : amateurs et professionnels accourent vers sa lagune pour découvrir et commenter la nouvelle édition de la Biennale, avec son exposition centrale et ses pavillons nationaux. Le décor inouï de cette cité bâtie sur l’eau, à l’architecture baroque et raffinée, accueille pendant plusieurs mois le meilleur de la production contemporaine tout en offrant de retrouver des artistes historiques mis à l’honneur par des « événements collatéraux » – comme cette année Willem de Kooning aux Galeries de l’Académie. Intitulée « Stranieri ovunque » (« étrangers partout »), cette 60e édition est la première dont le commissariat est confié à un Sud-Américain. Directeur artistique du Musée d’art de Sao Paulo, Adriano Pedrosa (né en 1965) a choisi, en endossant ce rôle, de faire bouger les lignes. Son exposition met ainsi en lumière des artistes marqués par l’exil, la migration, leur situation de réfugiés ou leur origine indigène. Mais aussi celles et ceux qui évoluent dans la marge : par leur refus des assignations hétérosexuelles ou parce que, en tant qu’autodidactes, l’histoire de l’art ne les a pas reconnus. La sélection privilégie par ailleurs les artistes issus de l’hémisphère Sud, la plupart d’entre eux n’ayant même jamais exposé en Europe. On peut donc s’attendre à faire des découvertes à l’Arsenal et dans le pavillon central des Giardini où se tient l’exposition internationale. Mais que son programme est copieux ! Avec 331 artistes réunis, il est difficile d’accorder à chaque œuvre une attention égale – d’autant que toutes n’éveillent pas le même intérêt, puisqu’il ne suffit pas d’être longtemps resté dans l’obscurité pour accrocher la lumière. Il faut donc accepter l’impossibilité de voir l’intégralité des propositions : l’exposition centrale, les 88 pavillons, et les dizaines d’expositions du parcours parallèle, dans les palais, les musées, les églises et jusque dans les boutiques de luxe. Alors ? S’il peut être déçu, parfois, le visiteur est souvent stimulé, étonné, peut-être même troublé, comme par l’exposition immersive – et très conceptuelle – de Christophe Büchel à la fondation Prada, « Mont de piété ». L’artiste s’y penche sur les concepts de dette, de valeur et de propriété… qui ne sont pas étrangers au monde de l’art.
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À Venise, la biennale sort des sentiers battus
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : À Venise, la biennale sort des sentiers battus