MONACO
Monaco. Pour Claude Monet (1840-1926), le motif n’était pas la raison d’être du tableau mais un ancrage lui permettant de se concentrer sur les variations de la lumière.
À l’occasion du 140e anniversaire du premier contact du peintre avec Monaco, en 1883 en compagnie d’Auguste Renoir, Marianne Mathieu a construit une exposition montrant à quel point ce voyage inaugural, le séjour de trois mois dans la même région en 1884 et le suivant en 1888 ont constitué un tournant dans sa carrière. La centaine d’œuvres présentée au Grimaldi Forum, provenant de nombreuses institutions internationales et collections particulières, documente la démarche de Monet liée au motif avant, pendant et après ces deux séjours.
En 1884, il organise sa première campagne sur le motif et amorce ses séries qu’il systématise en 1888 : « C’est alors qu’il franchit un nouveau cap,écrit Marianne Mathieu dans le catalogue. Il rationalise encore davantage sa démarche. […] La puissance du lieu s’impose. […] Entre le cap d’Antibes et Juan-les-Pins, il part de neuf points de vue pour trente-huit toiles alors qu’il en avait traité vingt-six pour quarante-six tableaux lors de son précédent séjour sur la Riviera. » L’aboutissement sera le choix de peindre uniquement le jardin de Giverny qui le conduira à une forme d’abstraction.
Deux Monte-Carlo vu de Roquebrune (1883) sont réunis pour la première fois et c’est une présentation publique inédite de La Vallée de la Nervia avec Dolceacqua (1884). Grâce à un dispositif interactif, les visiteurs peuvent situer les paysages des vingt et une toiles peintes à Monaco, Bordighera, Sasso, Dolceacqua, le cap Martin et Antibes formant le cœur de l’exposition.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°615 du 7 juillet 2023, avec le titre suivant : Sur la Riviera, Monet voyage vers l’abstraction