Plus que jamais nomade, Sarkis est l’hôte du Centre Pompidou. Inscrite dans le cadre de la « Saison de la Turquie en France », l’invitation que lui a faite l’institution parisienne d’infiltrer le bâtiment en plaçant çà et là différentes œuvres est l’occasion pour lui de multiplier les confrontations. Une fois de plus, pourrait-on dire, tant il n’a de cesse de décliner dialogues et échanges entre les cultures par-delà toute considération d’espace et de temps.
À Beaubourg, Sarkis invite ainsi le visiteur à un véritable jeu de piste (suivre le marquage en vert) qui le conduit depuis l’atelier Brancusi jusqu’aux deux niveaux du musée en passant par le forum bas, l’atelier des enfants, la BPI et la bibliothèque Kandinsky. Une façon de revisiter le bâtiment dans tous ses dédales et d’en prendre pleinement possession. Une façon qui n’est pas sans rappeler celle d’un certain Cadéré déposant sur son parcours ses bâtons de bois aux anneaux colorés.
Le concept de « trésor de guerre » qui fonde la démarche de Sarkis prend ici tout son sens. Les diverses œuvres que l’artiste a sorties de son atelier – peintures, dessins, sculptures, simples objets ou imposantes installations – opèrent en relais mémorable avec celles de ses aînés. Quelque chose d’une conversation supérieure s’engage alors entre leurs œuvres et les siennes. Ainsi des grands manteaux de feutre coloré, en éloge au printemps, que Sarkis a dressés dans le vestibule de Plight, le célèbre environnement de Beuys.
Ainsi de ces douze sculptures faites de bandes magnétiques qui dansent en rond avec le Sacre du Printemps et dont les silhouettes filiformes font écho aux rondes-bosses de Brancusi. Ainsi de cette monumentale vitrine emplie de tout un monde d’objets issus des cultures les plus variées et forts d’une dimension fétiche que Sarkis a placée face au fameux mur d’André Breton. Ainsi de cette installation qui comprend une anthologie de textes sur la mémoire, Trésors-partitions pour Mnémosyne, et que l’artiste présente sur des étagères métalliques dans la bibliothèque Kandinsky.
« Tout ce qui s’est fait à travers l’humanité, dans la douleur comme dans l’amour, est en nous », affirme Sarkis. C’est dire si la mémoire constitue la clef de voûte de son œuvre et qu’elle est ce fil d’Ariane qui lui permet de relier tous les passages du temps. De dire la vie dans le flux ininterrompu de la création.
« Sarkis – Passages », Centre Pompidou (atelier Brancusi, BPI, bibliothèque Kandinsky, musée, forum, atelier des enfants), Paris IVe, www.centrepompidou.fr, jusqu’au 21 juin 2010.
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Sarkis - en transit
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Abonnez-vous dès 1 €Haut : Sarkis - Conversations entre Joraï et mon Atelier (2001/2002) - Maquette en contre-plaqué de l'atelier de Sarkis, croix lumineuses - 20 x 120 x 135 cm - Collection de l'artiste
Bas : Sarkis - Les Vitraux des Innocents (2005/2007) - 10 vitraux - dimensions variables - Collection de l'artiste, Paris.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°624 du 1 mai 2010, avec le titre suivant : Sarkis - en transit