Art contemporain

Perpignan (66)

Richard Guino, alter ego d’Auguste Renoir

Musée d’art Hyacinthe Rigaud – Jusqu’au 5 novembre 2023

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 26 septembre 2023 - 345 mots

Sculpteur -  Voilà un musée qui a un net penchant à révéler au grand public des acteurs du monde artistique que l’histoire a négligés.

Parfois, il s’agit de personnages dont le nom reste lié définitivement à une célébrité, comme lors de la dernière exposition avec le « couple » Daniel de Monfreid et Paul Gauguin. Dans le cas de Richard Guino (1890-1973) – dont le musée, à l’aide de ses Amis, a fait plusieurs acquisitions importantes –, son nom est indissociable de celui d’Auguste Renoir. Cependant, c’est avec Aristide Maillol que l’histoire commence. Guino, qui découvre l’artiste français en 1908 grâce à une exposition à Gérone, sa ville natale, monte à Paris et s’inscrit à l’Académie Ranson. Maillol l’introduit auprès de Maurice Denis, qui lui commande l’exécution de deux reliefs destinés au décor du Théâtre des Champs-Élysées. On remarque ainsi que, dès ses débuts, le sculpteur catalan est destiné à la collaboration artistique – il participe également au moulage de L’Été de Maillol – et qu’il est attiré par les arts décoratifs. D’ailleurs, la dernière partie du parcours, à Perpignan, montre ses céramiques colorées. En même temps, Guino réalise des sculptures et des reliefs dans un style classique avec des accents archaïsants (Torse à la draperie, 1912). Puis, « c’est l’accord parfait avec Renoir », écrit Pascale Picard dans le catalogue, extrêmement fouillé. Entre 1913 et 1917, sur le conseil d’Ambroise Vollard, Renoir, dont les mains sont pratiquement paralysées, fait appel à Guino pour qu’il réalise des sculptures (allégories ou portraits de famille) selon ses indications. Même s’il ne s’agit pas de la meilleure partie de la production plastique du peintre impressionniste – un peu kitsch –, on peut apprécier le travail de Guino, qui semble maîtriser plusieurs matériaux ainsi que la couleur. Après des années de bataille juridique, ces travaux ont été attribués définitivement aux deux artistes. Depuis, l’enjeu de ce type d’attribution a pris de l’ampleur dans l’art contemporain avec des procès intentés contre les artistes « inspirés » par des clichés publicitaires, à l’instar de celui intenté par le photographe Franck Davidovici à Jeff Koons, et qu’il a gagné.

« Guino-Renoir, la couleur de la sculpture »,
Musée d’art Hyacinthe Rigaud, 21, rue Mailly, Perpignan (66). musee-rigaud.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°768 du 1 octobre 2023, avec le titre suivant : Richard Guino, alter ego d’Auguste Renoir

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque