PARIS - Les pièces maîtresses de cette première rétrospective française de Louis Comfort Tiffany (1848-1933) sont sans conteste deux vitraux de 1897 provenant de l’Erskine and American United Church à Montréal : Le Bon Pasteur et Le Christ à Emmaüs.
À l’initiative heureuse de cette exposition se trouve le Musée d’art moderne de Montréal, devenu, en rachetant il y a trois ans ce lieu de culte adjacent au musée, propriétaire des dix-huit vitraux de Tiffany réalisés pour l’église Erskine and American. Cet édifice étant actuellement en passe de devenir une salle de concerts, le musée profite des travaux pour faire voyager ses vitraux, d’abord au Musée du Luxembourg, à Paris, avant de rejoindre, l’été prochain, le Virginia Museum of Fine Arts à Richmond (Virginie). Voici donc pour les visiteurs parisiens une occasion unique de découvrir quelques-uns des chefs-d’œuvre nés de l’originalité de la méthode Tiffany : modelage en drapé du verre encore chaud, superposition de couches de couleur et d’opacité différentes pour créer la perspective, intégration d’éclats de verre… Pour admirer les vitraux dans leur intégralité, il faudra voyager en février au Canada, lors de l’étape montréalaise de l’exposition. Trop occupée à célébrer son école de Nancy, la France sait peu de chose sur Louis Comfort Tiffany, qui pourrait être considéré comme le cousin américain d’Émile Gallé. Paresseusement qualifié de fils à papa, Tiffany a révolutionné l’utilisation du verre dans les arts décoratifs, puisant ses influences à travers le globe, dans l’art japonais comme marocain, les Arts & Crafts anglais, l’Art nouveau, le symbolisme… Meneur d’hommes et de femmes talentueuses, Tiffany s’était entouré d’une solide équipe d’artisans capables de donner vie à ses visions originales. En témoigne une superbe sélection d’objets d’art, de vases et de lampes dont la beauté et la finesse d’exécution ont été galvaudées par des copies de bien piètre qualité (pourquoi diable en proposer dans la boutique du musée ?). Le tout déployé dans une scénographie confortable signée Hubert Le Gall, égal à lui-même. Une recréation d’un salon particulier dont le luxe n’est, pour une fois, pas inadapté. Les objets Tiffany n’ont-ils pas été conçus pour des intérieurs feutrés ?
LOUIS COMFORT TIFFANY. COULEURS ET LUMIÈRE, jusqu’au 17 janvier 2010, Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, 75006 Paris, tél. 01 45 44 57 33, www.museeduluxembourg.fr, tlj 10h30-19h, lundi et vendredi 10h30-22h, samedi, dimanche et jours fériés 9h30-20h. Catalogue, coéd. Musée des beaux-arts de Montréal/Skira Flammarion, 264 p., 250 ill., 38 euros, ISBN 978-2-08122830-6
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Petits bijoux
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Commissaires : Rosalind Pepall, conservatrice en chef des arts décoratifs au Musée des beaux-arts de Montréal ; Alice Cooney Frelinghuysen, conservatrice (Anthony W. et Lulu C. Wang) des arts décoratifs américains au Metropolitan Museum of Art, à New York ; Martin Eidelberg, professeur émérite d’histoire de l’art à Rutgers University, New Jersey.
Nombre d’œuvres : 160 (vases, luminaires, objets décoratifs, bijoux, mosaïques…)
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°310 du 2 octobre 2009, avec le titre suivant : Petits bijoux