MARSEILLE
Avec une seule exposition de son programme central ouverte au public, Manifesta 13 commence sur une note sans éclat.
Étrange lancement pour la Biennale qui a choisi de maintenir son édition marseillaise malgré la crise sanitaire. L’affiche est pourtant prometteuse, réunissant dans un même événement trois programmes : « Traits d’Union.s », principal volet de cette biennale de création contemporaine itinérante ; « Les Parallèles du Sud », qui labellise des initiatives locales ; enfin « Le Tiers Programme », axé sur l’éducation et la médiation.
Articulé en six chapitres appelés à se mettre en place progressivement - Le Refuge ; L’Hospice ; Le Parc, Le Port ; L’École … - « Traits d’Union.s » ouvre donc sur celui de « La Maison ». En résonance avec le scandale et l’émotion soulevés par l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne survenu en novembre 2018, et plus largement avec la crise du logement que connaît la ville, justifie l’équipe artistique. Sans doute aussi parce que le calendrier de la pandémie a imposé son tempo, allongeant les délais de production et immobilisant les artistes – certains dans l’impossibilité de voyager. Pour le lancement de l’intégralité du programme de Manifesta 13, il faudra attendre le 9 octobre.
Le Musée Grobet-Labadié accueille cette première étape avec « La Maison : loyers, expériences, lieux ». Peu connu, cet hôtel particulier du XIXe siècle mérite amplement d’être découvert. Mais les rares œuvres qui y sont installées pour ce qui ressemble à peine à une exposition laissent le visiteur sur sa faim. Dans la montée de l’escalier, la série photographique de Martine Derain, portraits d’intérieurs à l’abandon (Républiques, 2006) contraste avec les médaillons bourgeois accrochés aux murs, rappelant que Manifesta a la fibre sociale, militante. Au risque de documenter littéralement le territoire dans lequel elle s’inscrit.
Depuis deux éditions, une étude urbaine préalable précède d’ailleurs la programmation. Publiée sous le titre Le Grand Puzzle, celle qu’a menée le studio hollandais MVRDV a pu être vécue par les Marseillais comme une investigation intrusive, une façon, pour cette biennale de culture protestante, de coloniser la ville. Est-ce pour apaiser les esprits ? Dès juin 2019, Renaud Muselier, président de la Région Sud, a souhaité que l’intégralité de la subvention de la Région, d’un montant de 500 000 euros, soit attribuée au volet local de la programmation. Suite à l’appel à projets, le jury composé de Alya Sebti, Colette Barbier, Michele Sylvander et Hedwige Figen, la directrice et fondatrice de Manifesta, en a retenu près d’une centaine. 86 finalement ont pu être menés à terme. C’est beaucoup plus que prévu. « Nous nous attendions à en retenir 50 », assure Mathilde Rubinstein, la coordinatrice générale de Manifesta 13.
Associant au passage le réseau Provence Art Contemporain, les Parallèles du Sud apposent donc leur label sur un ensemble d’événements disséminés dans un vaste périmètre géographique allant de Nice à Aix-en-Provence. À Marseille, c’est au final ce foisonnant, mais inégal, programme local qui sauve la mise à Manifesta au moment de son lancement. À la Friche de la Belle de Mai, dans les galeries, les artist run spaces … la vitalité de la scène marseillaise électrise ce week-end de fin d’été.
Le centre d’art Triangle - Astérides campe ainsi un portrait de groupe Sur pierres brûlantes ; la foire Artorama, qui a annulé son rendez-vous de rentrée, présente, en complément des projets de galeries mis en ligne, Meridional Contrast, une sélection de quatre artistes. À l’espace Atlantis, Wilfrid Almendra trouve une belle inspiration en duo avec le commissaire Cédric Fauq So much depends upon a red wheel barrow. La jeune Double V Gallery s’offre un point de vue sur l’anse du Pharo avec le projet Winter A-Go-Go d’Olivier Millagou …
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À Marseille, Manifesta sauvée par la scène locale
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