Sur le thème de la transmission, l’exposition « Silsila » présente des artistes arabes ou musulmans vivant en France.
Silsila signifie le « lien », la « chaîne », en arabe, et les œuvres exposées traitent effectivement de la relation avec la culture d’origine et ses ambiguïtés. Que ce soit l’Irakien Himat M. Ali avec ses peintures abstraites inspirées des poèmes d’Adonis, ou la Franco-Algérienne Ouassila Arras qui détisse des tapis orientaux, un fonds culturel arabo-musulman resurgit sans cesse. Le jeune Haytham Zakaria s’inspire ainsi des mathématiques et des carrés magiques médiévaux utilisés comme talismans dans de nombreux pays arabes. Ses dessins géométriques « proches du dessin industriel » finissent par ressembler à des abstractions mystiques qui nécessitent « un effort du regardeur » selon l’artiste. Chez M’barka Amor, l’esthétique de produits importés du Maghreb trouve un nouvel usage, car elle en extrait des formes « orientales » et des décors proches du cliché (palmier, chameau, femme langoureuse) qu’elle peint avec des coulures. Derrière le kitsch, c’est l’histoire familiale qui s’écrit, car l’artiste a ajouté une bande-son où son père raconte ce qu’il a vécu pendant la guerre d’Algérie. La commissaire d’exposition, Bérénice Saliou, précise avoir choisi ces artistes pour leurs œuvres « tout en délicatesse et en nuances », alors que les sujets abordés sont parfois sensibles. Ainsi du triptyque photographique de Maya-Inès Touam, où se mêlent références aux natures mortes du XVIIe siècle et objets rapportés des colonies (ivoire, ébène). Entre l’extérieur des panneaux et l’intérieur, l’artiste invite « à une migration de l’Afrique vers l’Europe, des objets exotiques aux objets que l’on trouve en Occident, comme les œufs siglés Vuitton ». L’œuvre la plus marquante reste l’installation vidéo de Yasmina Benabderrahmane, qui est retournée au Maroc filmer sa grand-mère en train de tisser un tapis traditionnel. Le montage saccadé et les chants répétitifs permettent d’éviter la nostalgie et le regard ethnologique, pour inviter à plonger dans un univers fermé sur lui-même.
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L’exil comme source de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°755 du 1 juin 2022, avec le titre suivant : L’exil comme source de l’art