Art Moderne - Peintre, mais aussi écrivaine surréaliste, Leonora Carrington (1917-2011) fait partie de ces femmes artistes auxquelles l’histoire de l’art n’a longtemps accordé que peu d’importance.
De surcroît, elle a vécu pendant quelques années en couple avec Max Ernst, l’un des géants du surréalisme. Mais la situation évolue et, après une présence remarquée à la Biennale de Venise de 2022, Carrington a droit à une ample rétrospective à la Fondation Mapfre. Organisée par Carlos Martín et Tere Arcq, commissaires indépendants, la présentation met en scène habilement un tissage entre les éléments biographiques et l’imaginaire débordant de l’artiste. Carrington n’hésite pas à faire de sa vie, plutôt mouvementée, une matière brute pour son art. Née en Angleterre, dans une famille aisée, elle se révolte rapidement contre un destin programmé. À 15 ans, elle passe neuf mois à Florence et s’enthousiasme pour la Renaissance. Pourtant, ce n’est qu’en 1945, à Mexico, qu’elle introduit des composants de la peinture italienne dans son œuvre. Cette manière de procéder caractérise tout le parcours de Carrington. Non seulement elle invente un monde où se mélangent, sur un fond réaliste, des éléments de contes de fées et de mythes, mais elle effectue encore des allers-retours dans sa propre histoire. Histoire pas toujours réjouissante, comme ce séjour dans un hôpital psychiatrique à Santander en Espagne (Down Below, 1940), qui laisse des traces longtemps après (Nazi Doctor, 1970). Des histoires dans lesquelles un élément récurrent comme le cheval devient un véritable leitmotiv, un signe lancinant et obsédant. Certains critiques l’interprètent comme son alter ego – féminin, masculin ? D’autres évoquent son père, avec lequel Carrington avait des rapports conflictuels. D’autres symboles, plus ésotériques, issus de la Kabbale, de mythes mexicains ou de légendes où figurent des déesses, traversent cette œuvre. En réalité, les clés de ces signes fascinants, rêvés ou fantasmés, n’appartiennent qu’à elle.
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Leonora au pays des merveilles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°763 du 1 avril 2023, avec le titre suivant : Leonora au pays des merveilles