Archéologie

L’Égypte antique et la faïence au sang bleu

Par Laure Meyer · L'ŒIL

Le 2 août 2007 - 362 mots

Le printemps fleurit en bleu au musée de Tessé du Mans. Bleu vif, bleu-vert, bleu azur, tous les tons qui dans l’Égypte ancienne recouvraient certains objets façonnés en silice, une sorte de sable de quartz.

Les Égyptiens appelaient cette couverte vitreuse « la brillante ». Ils l’obtenaient en mêlant des oxydes de cuivre à la pâte de poudre de silice. Durant la cuisson, ces oxydes  donnaient cette glaçure particulière due au fait que la pâte est colorée à cœur.

On retrouve ce procédé sur les quatre cents objets prêtés par le Louvre et exposés au Mans sous le titre « De sable et d’azur ». La nature hétérogène de ces matériaux rendait le façonnage difficile, interdisant les formes trop ambitieuses. Mais au Nouvel Empire (1er millénaire av. J.-C.) la technique s’améliore et les artisans réalisent de petites merveilles de finesse, d’autant plus séduisantes que les nuances se diversifient. Au bleu initial s’ajoutent des couleurs vives ou des tons pastel.

Toutes sortes d’objets bénéficiaient de cette technique faïencée… On la trouve dans des bijoux, innombrables, raffinés comme le Collier de la momie du chancelier Nakbti fait de perles tubulaires. Il annonçait les résilles de perles multicolores qui à la Basse Époque complétaient les amulettes glissées entre les bandelettes des momies.

Pour la parure des vivants, voici un Étui à kohol en forme de dieu Bès, blanc rehaussé de bleu ou, plus tardives, des Bagues multicolores. Le petit Hippopotame bleu (vers 1 800 av. ­J.-C.), dont on ignore le rôle, est couvert de dessins évoquant la faune et la flore de son milieu aquatique.

En architecture même, certaines salles des résidences royales du Delta ont reçu un décor mural de plaques de faïence ornées du nom d’un roi répété à l’infini. Les vases, comme la Grande Situle consacrée aux divinités de Thèbes ou l’admirable Calice en forme de lotus, sont destinés à des cérémonies rituelles, car c’est seulement après la conquête d’Alexandre en 334 av. J.-C. qu’apparaît la vaisselle alimentaire en faïence siliceuse.

« De sable et d’azur. La faïence dans l’Égypte antique », musée de Tessé, 2, av. de Paderborn, Le Mans (72), tél. 02 43 47 38 51, jusqu’au 1er avril 2007.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°589 du 1 mars 2007, avec le titre suivant : L’Égypte antique et la faïence au sang bleu

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