Le rythme hypnotique de Julien Creuzet

Pour sa première présentation personnelle au Palais de Tokyo, le jeune plasticien antillais Julien Creuzet offre au public une exposition rhizomique totalement inédite, hormis deux vidéos (Head to Head, Hidden Head, Light de 2017 et Maïs Chaud Marlboro de 2018) déjà montrées ailleurs. Si l’on aime théoriser un espace d’exposition déambulatoire multipliant autant les médiums, les sources culturelles diverses, dont les danses africaines et l’histoire antillaise, et les lacets, fils et autres cordes qui ne cessent de créer des liens entre moult objets glanés ici et là, impossible de ne pas faire le rapprochement, face à ce tout composite fonctionnant tel une œuvre d’art total, avec la « pensée archipélique » du poète Édouard Glissant qui prônait, pour contrer figement et linéarité, une pensée horizontale et associative, témoignant de la « créolisation du monde ». Mais l’on peut aussi ici, sans recourir à un quelconque renvoi intellectuel, se laisser tout simplement porter par un rythme lancinant hypnotique qui, en mâtinant émerveillement et tension, images syncopées et ritournelles sonores, entraîne in fine qu’on se laisse prendre dans les filets du conteur talentueux qu’est Julien Creuzet.