Riche, fraîche et agréable à visiter, l’exposition du Grand Palais déçoit néanmoins par son eurocentrisme.
PARIS - L’entrée en matière est une parfaite réussite. En confrontant dès l’entrée une magnifique fresque pompéienne figurant une nature luxuriante et presque désinvolte à une toile de Giuseppe Penone issue de sa série « Vert du bois », frottage de feuilles sur une toile blanche qui reconstituent des motifs d’arbres, l’exposition « Jardins », au Grand Palais à Paris, donne le ton. S’ensuit une vaste déambulation, tant géographique que temporelle, entre les composantes et les représentations du jardin.
Pas de jardin japonais
La promenade, comme dans un parc, est assez libre, et, passé un court texte d’introduction, ne s’embarrasse pas d’un appareil didactique. Lequel ne fait pas défaut, l’expérience étant privilégiée. À travers les plus de 200 œuvres de toutes époques qui composent ce parcours imaginé par Laurent Le Bon, se juxtaposent dans les salles les composantes du jardin – herbiers, représentations de fleurs ou de plantes par des scientifiques comme par des artistes –, ses architectures et ses modes d’organisation (allées, bosquets, plans, etc). Au-delà, figurent des toiles de Gerhard Richter et Pierre Bonnard ou de très belles photographies d’Eugène Atget, quelques approches métaphoriques comme celles de deux Wolfgang, Tillmans et Laib.
Entre naturalisme scientifique et esthétique naturaliste, l’exposition s’offre quelques échappées belles, comme dans cette salle remarquable où un grand papier découpé de Matisse voisine avec un tableau hyperréaliste de Franz Gertsch et une photographie de Thomas Demand.
Mais malgré la réussite de l’ensemble, la vision qui est délivrée là du jardin reste foncièrement occidentale, tant dans le choix des artistes que dans l’objet de leurs investigations ou les architectures observées, qui ne s’aventurent guère au-delà du jardin à la française et à l’anglaise. C’est là que le pluriel du titre, s’il peut s’entendre par la diversité des regards portés sur le jardin, semble quelque peu trompeur. Certes l’exposition ne prétend à nulle exhaustivité, mais s’emparer d’une telle thématique en passant sous silence l’Asie, et en particulier le Japon qui aurait eu là tant à apporter, dans toutes les occurrences abordées, laisse pour le moins sur sa faim.
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Le jardin, une terre européenne
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Jusqu’au 24 juillet, Grand Palais, Galeries nationales, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.
Légende Photo
Gerhard Richter, Summer Day (Jour d’été), 1999, huile sur toile, 117 x 82 cm, Albertina, Vienne. © Gerhard Richter.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Le jardin, une terre européenne