L’art contemporain jette l’ancre à Bonifacio

Mais ce n’est pas faire injure à l’île de Beauté que de reconnaître que ce sont rarement les expositions, a fortiori d’art actuel, qui motivent le choix de cette destination. Face à ce constat, un trio de jeunes Corses a judicieusement conçu un nouveau rendez-vous culturel : la biennale d’art contemporain de Bonifacio. Aux manettes, on trouve Prisca Meslier en charge du commissariat, Dumè Marcellesi pour l’organisation et l’architecte Marion Valli. Cette manifestation, baptisée De Renava, propose un format intimiste et un positionnement pertinent. La première édition rassemble ainsi une quinzaine d’artistes internationaux dans des sites patrimoniaux de la citadelle. Ce parcours, accessible uniquement en soirée, permet de découvrir des lieux spectaculaires d’ordinaire fermés au public. Le circuit est signalé dans l’espace public par de délicates structures en pin qui scandent les étapes et magnifient l’architecture. Symboliquement, le parcours offre une visite ascensionnelle qui mène le spectateur du pied de la citadelle à son sommet ; le tout avec pour fil rouge le thème de la vague. D’emblée le ton est donné par Mélissa Epaminondi qui projette dans la chapelle Saint-Roch une vidéo hypnotique filmée dans les îles Lavezzi. Un peu plus loin, c’est une œuvre bien connue qui attend le visiteur : Descension d’Anish Kapoor. L’installation, qui évoque un monstre marin dans un torrent menaçant, offre une expérience saisissante dans le superbe écrin du bastion battu par les vents et surplombant la côte. Autre temps fort dans l’emblématique caserne du XIXe siècle, désaffectée depuis des décennies, qui renferme entre autres Fishing the Moon, une œuvre pleine de poésie de Mao Tao sous la forme d’un tête-à-tête avec la lune. Enfin, cette biennale ne pouvait se conclure autrement qu’avec l’enfant du pays : la dernière station au cœur de l’impluvium génois est en effet logiquement dévolue à La Mer d’Ange Leccia.