Le patrimoine est en fête cet été. Rarement on aura connu une telle effervescence avec des réouvertures qui créent l’événement partout en France. Forteresses, châteaux, architecture moderne ou encore sites archéologiques : il y a forcément un monument restauré sur la route de vos vacances. Suivez le guide !
C’est un projet au goût de revanche. En 1661, Louis XIV fait arrêter le surintendant Nicolas Fouquet et, par la même occasion, les chantiers en cours dans son château de Vaux-le-Vicomte. À commencer par le Grand Salon qui attendait son décor dessiné par Charles Le Brun. Las, l’immense plafond peint ne sera jamais exécuté. Au terme de la restauration du salon, la famille de Vogüé, actuelle propriétaire du château, a eu l’idée d’évoquer ce projet en s’appuyant sur une belle gravure d’époque. Grâce aux nouvelles technologies, cette composition est projetée sur le plafond ; un projet atypique, à mi-chemin entre l’œuvre immersive et la restitution scientifique (www.vaux-le-vicomte.com).
Plus qu’un détail architectural, l’escalier en fer à cheval du château de Fontainebleau est la signature du monument et l’incarnation de la geste napoléonienne. Ce décor de pierre s’offre une seconde jeunesse au terme d’un chantier de restauration historique qui aura duré trois ans et mobilisé de nombreux donateurs (www.chateaudefontainebleau.fr).
Profondément remanié au fil des siècles, l’appartement du Dauphin retrouve enfin sa cohérence et son faste. Véritable machine à remonter le temps, ce chantier de restauration a permis de restituer cette enfilade de pièces somptueuses telle qu’elle avait été aménagée pour le fils aîné de Louis XIV (www.chateauversailles.fr).
Pendant plus d’un an, une armada de restaurateurs a bichonné ce colosse, création utopique exécutée à plusieurs mains sous l’impulsion de Jean Tinguely. Grâce à l’exceptionnelle intervention sur sa couverture en miroirs, cet environnement brille à nouveau de mille feux (www.lecyclop.com).
C’est assurément l’un des secrets les mieux gardés du patrimoine de Rouen. Et pour cause, car le site est blotti dans les entrailles de la cité. Qui se douterait en effet que se cache sous le palais de justice le plus vieux monument juif connu en France ? Datée du tout début du XIIe siècle, la Maison sublime a été redécouverte fortuitement lors de travaux dans la cour du tribunal en 1976. Elle avait ensuite été ouverte très ponctuellement avant de fermer pour entamer des travaux fondamentaux pour assurer sa préservation. Sécurisée, consolidée et restaurée, elle est aujourd’hui accessible à tous (www.rouentourisme.com).
C’est un dénouement heureux pour le château de Robert le Diable ! La superbe forteresse qui domine la vallée de la Seine revient en effet de loin, car elle a bien failli disparaître au cours d’un dramatique incendie. Fermée pendant près de vingt ans, elle se dévoile enfin au terme d’exemplaires travaux de restauration menés dans le cadre d’un chantier de réinsertion professionnelle et sociale. Cerise sur le gâteau, l’imposant monument féodal est à découvrir de manière ludique par le biais d’un jeu en réalité augmentée proposant des énigmes à résoudre pour percer les mystères de ce château fort (www.rouentourisme.com).
Le charmant château de Saché fut un refuge pour Honoré de Balzac qui fuyait Paris et ses créanciers. Il y séjourna une dizaine de fois, appréciant le calme et l’austérité de ce havre de paix propice au labeur. On sait qu’il écrivait jusqu’à seize heures par jour dans sa petite chambre où il rédigea, entre autres, Le Père Goriot. Le château perpétue cette histoire et abrite un musée consacré à l’immense homme de lettres. Cet été, il enrichit considérablement ce parcours avec un nouvel accrochage conçu autour des sculptures et des monuments réalisés en hommage à Balzac, prêtés par de prestigieux musées (www.musee-balzac.fr).
Pépite dotée de quatre façades s’échelonnant du Moyen Âge au XIXe siècle, le château du Lude poursuit saison après saison son entreprise de restauration. Cette année, le château inaugure ainsi les appartements des domestiques. Il dévoile également sa chapelle dont les travaux avaient commencé en 1850 ! (www.lelude.com)
Sous l’Ancien Régime, diriger la Manufacture royale de draps de Châteauroux était une charge prestigieuse. Si prestigieuse que son patron Leblanc de Marnaval a souhaité graver dans la pierre sa réussite en faisant bâtir une réplique du Petit Trianon. Ce château de plaisance s’est offert une cure de jouvence, à commencer par ses élégantes façades qui ont été soigneusement restaurées. Le magnifique jardin a aussi été bichonné et sa mosaïque minérale restituée afin de rendre au site son allure d’antan. Enfin, l’intégralité des rideaux a été patiemment restaurée, rendant au monument toute sa fraîcheur (www.chateau-bouges.fr).
C’est un rescapé du Loto du patrimoine. Cela faisait vingt ans que les propriétaires du château du Chillou tentaient de sauver la forteresse, classée monument historique et qui menaçait ruine. C’est désormais chose faite. Au terme d’un chantier colossal, son donjon à moitié effondré a retrouvé fière allure (www.chateauduchillou.com).
Qui n’a jamais rêvé de dormir dans un château enchanté ? C’est désormais possible au Bois des Chambres, l’hôtel conçu par Patrick Bouchain. L’architecte engagé dans le développement durable a imaginé trente-neuf chambres atypiques pour expérimenter d’une manière inédite et poétique ce site hors norme (www.domaine-chaumont.fr).
C’est un chantier qui était attendu de longue date par les amoureux des vieilles pierres et les passionnés de l’histoire des templiers. Lancée en 2019, la première phase de restauration du château de Gisors vient de s’achever. Elle portait essentiellement sur la barbacane, le petit fort qui protégeait le château, ainsi que sur la poterne du Gouverneur. Mais la renaissance la plus spectaculaire est sans conteste la restauration fondamentale de la tour du prisonnier. Cet élément emblématique du monument de l’Eure qui menaçait ruine retrouve ainsi son public après plus de vingt ans de fermeture (www.tourisme-gisors.fr).
Propriété de la famille Rohan depuis plusieurs siècles, le château de Josselin (Morbihan) n’est pas seulement l’un des joyaux patrimoniaux de la Bretagne, il est aussi l’un des plus beaux châteaux de France, avec ses tours médiévales, sa façade gothique en granit et sa vue « imprenable » sur la vallée de l’Oust. En 2021, l’arrivée d’Alain de Rohan Chabot à sa tête a ouvert un nouveau chapitre de son histoire. Si celui-ci souhaite pérenniser l’héritage familial, il entend également apporter un nouveau souffle au domaine composé d’un édifice, de jardins et d’un Musée de la poupée et du jouet. Il a notamment récemment ouvert à la visite la chambre d’Herminie de Rohan (1853-1926), qui retrouve ainsi la belle copie de la Vierge au chardonneret de Raphaël que la poète et peintre féministe de la Belle Époque avait fait installer au-dessus de son lit (www.chateaudejosselin.com).
Bavay était l’un des plus grands forums de tout l’Empire romain. Préserver et valoriser ces vestiges exceptionnels s’apparentait donc logiquement à un projet titanesque. Le vaste chantier de couverture qui vient de s’achever offre désormais un nouveau parcours de 6 400 m2 restauré ainsi qu’un accueil réaménagé (forumantique.fr).
Le monument fièrement campé sur son roc était en effet en péril, notamment ses emblématiques ponts-levis qui reposaient sur de frêles étais. Ils ont bénéficié d’un indispensable chantier de restauration qui a permis de préserver ces vestiges irremplaçables puisque le pont-levis à bielles pendantes est le dernier de ce type à subsister en France. Le pont dormant qui le relie au pont-levis à flèches et à chaînes a également été rénové. Enfin, la majestueuse porte d’honneur a aussi été bichonnée et a retrouvé ses couleurs d’origine (www.chateaudejoux.com).
Le « Chambord lorrain » poursuit sa renaissance. Le chef-d’œuvre de Germain Boffrand, ouvert au public depuis 2021, étoffe cet été son offre de visite. Afin de renforcer sa dimension de château habité, le monument a été en partie remeublé en puisant dans les réserves du Centre des monuments nationaux (www.chateau-haroue.fr).
L’atelier de Courbet rappelle l’un des tableaux les plus célèbres du peintre réaliste, mais aussi son jardin secret. Ornans, sa ville natale, abrite en effet son studio miraculeusement préservé. Étonnamment, ce trésor avait totalement sombré dans l’oubli pendant un siècle, passant de l’artiste à sa sœur, puis à des amis de cette dernière avant d’être vendu à un négociant en vins avant d’être racheté par le Département du Doubs, qui vient de le restaurer pour l’offrir au public. Lieu de mémoire, l’atelier est aussi une œuvre d’art en soi, car il renferme les seules peintures murales connues de Courbet (www.musee-courbet.fr).
La saison s’annonce riche en nouveautés à la Saline royale. Le monument utopique de Ledoux se dévoile dans un tout nouveau parcours de visite numérique s’appuyant sur la réalité augmentée et des dispositifs interactifs faisant revivre ce site à son apogée sous Louis XVI. Les surprises se poursuivent à l’extérieur puisque les abords de cette cité idéale inachevée ont été redessinés par les paysagistes Mayot & Toussaint et Gilles Clément. Ce réaménagement de treize hectares comprend de nombreux jardins thématiques ainsi que des créations éphémères présentées dans le cadre d’un festival (www.salineroyale.com).
Bien connu des amoureux de roses, Chaalis abrite d’envoûtantes essences. Afin de valoriser ce précieux patrimoine, le domaine se dote d’une nouvelle roseraie botanique. Ce conservatoire préserve des espèces sauvages et propose un dispositif de médiation pour être incollable sur la reine des jardins (www.domainedechaalis.fr).
Site emblématique de l’île de Beauté, la citadelle de Bonifacio recèle encore bien des pépites à découvrir. Plusieurs monuments qui jalonnent ce haut lieu demeurent en effet méconnus car fermés au public. La toute nouvelle Biennale De Renava en a retenu une demi-douzaine comme écrin de luxe pour des œuvres d’art contemporain. Cette programmation, qui fait la part belle à la vidéo, investit entre autres l’impluvium romain qui offre une vue à couper le souffle, mais aussi la chapelle Saint-Roch et l’ancien cinéma de la ville. Sans oublier l’incontournable caserne Montlaur, désaffectée depuis les années 1980 (www.derenava-art.com).
Village médiéval accroché au flanc de la montagne, Saorge domine la vallée de La Roya et a longtemps constitué une étape sur la route stratégique reliant Turin à Nice. Une position qui explique la richesse patrimoniale de ce bourg, à commencer par son superbe monastère baroque édifié par des moines franciscains. Cette pépite du XVIIe siècle se dévoile à nouveau au terme d’un chantier de grande ampleur portant notamment sur les toitures de l’église et ses décors peints et sculptés. Les exceptionnelles fresques de Calderari exécutées dans le cloître ont également bénéficié d’une cure de jouvence (www.monastere-saorge.fr).
C’est un nouveau chapitre qui s’écrit pour la villa-atelier d’Hans Hartung et d’Anna-Eva Bergman. Cet ensemble architectural remarquable labellisé Patrimoine du XXe siècle vient de bénéficier d’un chantier spectaculaire afin de pouvoir enfin accueillir le public tout en préservant ce cadre unique (www.fondationhartungbergman.fr).
C’est de toute évidence une découverte qui fera date. Qui aurait pu imaginer que sous des peintures murales quelconques se cachait en réalité un incroyable ensemble de fresques de la Renaissance italienne ! Au terme d’un exceptionnel chantier de dégagement et de restauration, le palais de Monaco dévoile ce trésor disparu depuis plusieurs siècles et couvrant plus de 600 m2. Véritable explosion de couleurs franches et acidulées, ce programme pictural se déploie dans plusieurs pièces majeures du palais, à commencer par la salle du trône dont le plafond recelait une composition très originale illustrant un épisode homérique rarement représenté. La visite du palais réserve encore d’autres surprises, car le parcours a été réaménagé autour d’un accrochage inédit des tableaux provenant des collections historiques des princes, dont certains réintègrent le palais pour la première fois depuis le XVIIIe siècle (www.palais.mc).
Le prestigieux monument cistercien lové dans un cadre naturel idyllique avait été sauvé par Pierre Brache et Geneviève Bonnefoi puis transformé en centre d’art dans les années 1970 par le couple de collectionneurs. Pour faire vivre ce généreux legs, le site du XIIe siècle inaugure un parcours muséal au sein de son logis abbatial, jamais ouvert au public auparavant. L’aile des convers a quant à elle été transformée en espace d’expositions temporaires et le parcours de visite a également été enrichi. L’ensemble de l’abbaye a été restauré et son parc réaménagé (www.beaulieu-en-rouergue.fr).
Monument pionnier pour le dialogue entre patrimoine et art contemporain, le château d’Oiron est en perpétuelle évolution. Suite à un important chantier structurel, une des œuvres phares du site a été recréée. L’immense Wall Drawing #752 de Sol LeWitt a ainsi réinvesti l’emblématique pavillon du roi (www.chateau-oiron.fr).
Site emblématique de la Gaule méridionale, l’oppidum d’Ensérune rouvre après un vaste chantier de restauration et de réaménagement. Plusieurs années de travaux ont été nécessaires pour réorganiser les espaces de visite extérieurs, créer un nouveau bâtiment d’accueil et repenser le musée archéologique (www.enserune.fr).
Temple romain parmi les mieux conservés au monde, la Maison carrée retrouve ses visiteurs au terme d’un chantier de restauration attendu. Le monument qui brigue une inscription à l’Unesco se révèle, débarrassé de ses peintures intérieures inadaptées et pourvu d’une nouvelle présentation pédagogique (www.nimes.fr).
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Tour de France du patrimoine retrouvé
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°756 du 1 juillet 2022, avec le titre suivant : Tour de France du patrimoine retrouvé