Archéologie - Grands sites

Le département du Nord couvre son forum antique

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 29 juin 2022 - 487 mots

BAVAY

Le site archéologique du troisième plus grand forum romain connu est désormais protégé par une structure en acier.

Forum antique de Bavay avec son nouveau toit. © Département du Nord, 2022
Forum antique de Bavay avec son nouveau toit.
© Département du Nord

Bavay (Nord). Bagacum n’est pas Rome ni Carthage, pourtant il se dit que son forum romain serait le troisième plus grand par la taille, après le Forum Romanum et celui de la cité punique. L’actuel Bavay, entre Maubeuge et Valenciennes, formait un lieu stratégique dans la romanisation des limites de l’Empire, au croisement d’axes de communication majeurs : ce qui expliquerait un si grand forum pour la capitale des Nérviens – peuple du nord-est de la Gaule.

Depuis sa mise au jour dans les années 1940, le site est soumis aux intempéries et à une prolifération de végétaux dus à l’humidité de la région, véritable menace pour la conservation des vestiges. En 2012, le département du Nord profite d’un nouveau projet scientifique et culturel pour étudier la possibilité d’un dispositif de protection, entériné par l’assemblée départementale en 2017. Le chantier de cette couverture, à l’échelle du forum, a été livré ce printemps. Et il était temps : « On m’a souvent demandé lors de l’inauguration quelle serait l’espérance de vie du forum sans cette couverture, se souvient Pierre-Antoine Lamy, directeur du site et de son musée. J’ai estimé qu’il fallait une dizaine d’années avant que les premiers éléments ne s’effondrent. »

Défi structurel, le chantier a également été un modèle de coopération entre les architectes et les services départementaux d’archéologie. L’enjeu primordial étant, évidemment, de limiter au maximum l’impact de la couverture sur les vestiges gallo-romains. Entamée dès 2020, la fouille préventive menée en amont a permis de révéler quelques trésors : une trompe en cuivre de 2,80 mètres, soigneusement démontée et placée dans ce qui ressemble à un dépôt votif, et un ensemble d’enduits peints.

L’implantation des poteaux a été directement dictée par les données archéologiques, pour trouver les emplacements les moins destructeurs : une contrainte qui a facilité le travail des architectes, en « cadrant le tir ».

Un défi technique

Un cadrage bienvenu car, à cause de la taille du site, il a fallu travailler sur ce projet sans référence précise. Pour trouver une comparaison, on peut penser à la couverture de Bibracte (Bourgogne-Franche-Comté), dont les dimensions sont toutefois bien moindres. Avec 6 400 m2 de couverture, à 13 mètres de haut, supportés par trente-trois poutres et soixante poteaux, la structure relève presque de l’ouvrage d’art. Cette protection devient également un élément de médiation pour le site, puisqu’elle replace le visiteur dans l’obscurité des cryptoportiques de l’époque. Les travaux ont également porté sur un cheminement PMR (Personne à mobilité réduite) suspendu au-dessus des vestiges – « un défi technique comparable à la toiture », explique Goulven Le Corre, chef de projet pour agence Explorations Architecture – et sur des totems de visites, qui présentent la recherche archéologique toute récente. Pour compléter, des ambiances sonores et des jeux de lumière ponctuent la visite et plongent les visiteurs dans l’ambiance de la Bagacum antique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°592 du 24 juin 2022, avec le titre suivant : Le département du Nord couvre son forum antique

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