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PATRIMOINE

Le Mans mature son projet d’inscription à l’Unesco

Par Sindbad Hammache · Le Journal des Arts

Le 3 août 2022 - 506 mots

LE MANS

La préfecture de la Sarthe souhaiterait voir sa muraille romaine inscrite sur la Liste du patrimoine mondial. Une exposition et un travail universitaire soutiennent cette candidature.

Une section de l'enceinte gallo-romaine du Mans © Selbymay
Une section de l'enceinte gallo-romaine du Mans.
© Selbymay

Le Mans (Sarthe). « On est écœurés par les rillettes et les 24 Heures du Mans… y’a pas que les 24 Heures ! » : le maire du Mans lui-même, Stéphane Le Foll, confesse sa lassitude. Pour offrir autre chose, aux Manceaux comme aux touristes, la Ville envisage depuis une dizaine d’années l’inscription d’une partie de la vieille ville du Mans au patrimoine mondial de l’Unesco. Un temps axé sur la cité Plantagenêt (le centre médiéval), le projet d’inscription a été recentré en 2015 sur les seules murailles romaines de la ville, sur conseil des services de l’État. Impulsée par l’emblématique ancien maire du Mans Jean-Claude Boulard, l’idée a été reprise par l’ex-ministre de François Hollande, qui lui a succédé en 2018.

Cathédrale, maisons à colombages, centre historique pavé : bien d’autres villes peuvent dérouler ce répertoire patrimonial. C’est pourquoi le ministère de la Culture conseille très tôt à la préfecture de la Sarthe de se concentrer sur un élément singulier du patrimoine manceau, sa muraille tardo-antique, l’une des mieux conservées de l’Empire romain. L’édifice est caractéristique d’un second souffle de l’Empire, au IVe siècle, après la grande période d’instabilité politique du IIIe siècle – la multiplication des enceintes sur l’ensemble du vaste territoire conquis par Rome revêt alors un intérêt symbolique plus que militaire. Affirmation de la puissance impériale, figurant sur les pièces de monnaie, les murailles doivent être ostentatoires, comme celle du Mans, enjolivée d’un décor de frises géométriques.

Mettre en exergue les spécificités

C’est sur cet élément-là qu’il faudra s’appuyer pour distinguer l’enceinte mancelle de celle qui encercle la vieille ville de Lugo, en Galice, inscrite sur la Liste du patrimoine mondial, ou du mur d’Aurélien à Rome, également inscrit dans le bien « Centre historique de Rome ». L’Unesco ne distinguant en général qu’un exemple représentatif par typologie de bâtiment, il s’agit, pour la candidature du Mans, de mettre en exergue les spécificités qui rendent cette muraille unique : son décor donc, mais aussi son matériau local, le grès roussard, qui lui donne cette teinte rouille, et sa forme rectangulaire.

Un projet de recherche a été lancé à l’université du Mans pour soutenir cette candidature. Baptisé « Mumatourisme », il associe les chercheurs sarthois à leurs homologues romains (université La Sapienza) et galiciens (Santiago), afin d’étudier l’appropriation touristique et patrimoniale des murailles tardo-antiques.

Au Musée archéologique Jean-Claude-Boulard, une belle exposition présente également l’édifice, et les dernières avancées scientifiques le concernant : la datation par luminescence optiquement stimulée a permis de rajeunir de dix ans la muraille, qui aurait été construite entre 320 et 360. Le parcours présente également la redécouverte de l’enceinte au XIXe siècle, alors qu’elle était absorbée dans un quartier d’habitation. Malgré ses 1700 ans, c’est aussi un édifice récent dans le paysage de la ville : les chercheurs de l’université du Mans s’attachent ainsi à mesurer, au travers d’un questionnaire, le degré d’appropriation par les habitants de cet élément patrimonial.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°593 du 8 juillet 2022, avec le titre suivant : Le Mans mature son projet d’inscription à l’Unesco

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