Art contemporain

Calais (62)

La "streetosphère" entre au musée

Musée des beaux-arts - Jusqu’au 3 novembre 2019

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 27 juin 2019 - 326 mots

CALAIS

Le street art dans un musée des beaux-arts : aberration ou consécration ? Tout dépend de quel côté de la porte de l’institution l’on se trouve.

Pour les uns, l’art urbain, art éphémère par excellence, ne saurait avoir d’autre vie que dans la rue – « street » en anglais – et dans l’illégalité. Pour les autres, ce phénomène, né dans les années 1960, ne peut échapper à son histoire, celle des arts, et donc aux musées. La directrice du Musée des beaux-arts de Calais se situe dans ce second camp. Pour Anne-Claire Laronde, « le street art est l’un des grands mouvements artistiques du siècle dernier » qui manifeste « des signes de maturité ». Il est donc grand temps d’en officialiser l’histoire, d’en dresser la généalogie et, n’en déplaise aux puristes, de le conserver. C’est bien l’ambition de « Conquête urbaine. Street art au musée », qui se veut autant le manifeste de l’entrée de l’art urbain dans l’institution que le signe de l’ouverture de celle-ci sur le monde extérieur. Chapitrée par thèmes, l’exposition tente de dégager des points communs entre des pratiques très diverses. Les salles consacrées aux « lois de la rue », à « l’écriture urbaine » ou à la « politique » confrontent des œuvres d’atelier des classiques du genre (Banksy, qui était déjà intervenu à Calais en 2015, Shepard Fairey, Invader…) et des pionniers du phénomène : les Américains Cornbread et Taki183 (dont les spécialistes disputent l’antériorité) et les Français Ernest Pignon-Ernest et Gérard Zlotykamien – dont l’exposition exhume le nom. Les incursions dans l’art contemporain avec Villeglé et Jean Faucheur (cofondateur des Frères Ripoulin) témoignent de l’ambition du projet, qui souhaite extraire l’art urbain de son ghetto. Le jour du vernissage, Jef Aérosol se disait d’ailleurs plus proche de Fromanger et d’Arroyo que de JonOne. « Ce n’est pas une exposition de street art, ajoutait l’artiste pochoiriste. Le street art, c’est dans la rue. À Calais, c’est une exposition d’art contemporain. » C’est là toute la force de cette exposition pionnière, comme sa faiblesse.

« Conquête urbaine. Street art au musée »,
Musée des beaux-arts de Calais, 25, rue Richelieu, Calais (62), www.calais.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°725 du 1 juillet 2019, avec le titre suivant : La "streetosphère" entre au musée

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