Artiste à la mode, Jeff Koons occupe une place de choix dans la collection de son ami et collectionneur François Pinault. Un statut qu’il doit à son œuvre provocante, à l’efficacité immédiate.
Le 30 avril dernier, à l’occasion de l’ouverture du Palazzo Grassi, plus de 900 invités découvraient enfin la célèbre collection Pinault. Artiste vedette, l’américain Jeff Koons était la personnalité incontournable de la soirée. En plus de son Balloon Dog (1994-2000), gigantesque chien gonflable en acier de trois mètres de haut posté à l’extérieur du bâtiment, huit œuvres de l’artiste étaient exposées. Un chiffre étonnant au regard du prix de chacune des pièces.
Un magnat de l’ère post-warhol
Depuis quelques années, en effet, la cote de l’artiste ne cesse de grimper, atteignant même un record en 2001, lorsque l’une de ses sculptures en porcelaine, Michael Jackson and Bubbles, a été vendue 5,6 millions de dollars à un milliardaire norvégien.
« Et ce n’est qu’une partie de la collection, précise Jean-Jacques Aillagon, directeur du Palazzo Grassi. François Pinault s’est intéressé très tôt aux œuvres de Jeff Koons, dont la collection compte près de vingt de ses œuvres. Les deux hommes ont noué une relation très affectueuse et cordiale, Jeff Koons étant un homme extrêmement humain et courtois. »
Assisté par 50 personnes qui se chargent de l’exécution de ses œuvres, Jeff Koons confectionne de véritables objets de luxe. Ceux-ci nécessitant parfois plusieurs années de travail et surtout des financements très importants en amont du projet. Connaissant les rouages du négoce et de la finance, celui qui fut courtier sur la Bourse de New York pendant cinq ans n’hésite pas, au nom de la perfection, à retarder la livraison d’une commande, quitte à épuiser le portefeuille et la patience de son acquéreur.
Artiste contesté et certainement jalousé, Jeff Koons s’est fait connaître en 1980, en exposant un aspirateur neuf dans une galerie de Manhattan. Inspiré par Duchamp, il crée des œuvres dans
la lignée de l’art « pop », détournant des objets du quotidien ou des jouets pour en faire des archétypes, comme son fameux lapin Rabbit (1986), devenu iconique.
À la fois provocantes et innocentes, avec juste ce qu’il faut de kitsch et de sexualité, les œuvres de Jeff Koons ont ceci de particulier qu’elles ont une efficacité immédiate. Et la formule est bonne : ses œuvres plaisent à tous, notamment aux grandes fortunes de ce monde.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Jeff Koons