Identités religieuses : conflits et/ou partages ?

Elle se déploie comme un savant et passionnant parcours dont le propos est clair : aller au-delà des perceptions simplistes et stéréotypées des phénomènes religieux et proposer « un cheminement visant à désamorcer les préjugés en réaffirmant que l’hétérogénéité religieuse n’est pas fatalement source de conflit ni de division ».

Depuis leurs origines, les trois monothéismes - judaïsme, christianisme, islam - partagent des croyances, des valeurs et des figures tutélaires. Prolongeant et renouvelant l’exposition éponyme présentée au Mucem en 2015, cette manifestation réalisée à partir des recherches anthropologiques des deux commissaires témoigne de pratiques religieuses parfois partagées dans les mêmes sanctuaires.

Jérusalem ou Hébron sont évoqués comme des territoires de fortes tensions entre pratiquants des trois religions du Livre, mais l’attention se porte également vers ce qui est habituellement moins médiatisé : des espaces religieux partagés, comme la grotte d’Élie sur le mont Carmel (Haïfa), fréquentée par quatre confessions - juifs, chrétiens, musulmans et druzes - ou la synagogue de la Ghriba sur l’île de Djerba, où prient des croyants juifs et musulmans.

Également évoqués, des « bâtisseurs de paix », tel le dirigeant de la résistance algérienne contre la colonisation française, l’émir Abd el-Kader (1808-1883), qui consacra la fin de sa vie à étudier et à enseigner le Coran tout en protégeant les minorités chrétiennes de Syrie, témoignent de la richesse et de la complexité des relations entre les monothéismes.