Fluxus ou les fondements du postmodernisme

C’est fait, et bien fait, grâce aussi à tout un lot de prêts d’œuvres complémentaires issues d’autres collections, tant publiques que privées. Outrepassant le simple mode rétrospectif, l’institution stéphanoise fait ainsi valoir le caractère prospectif, transdisciplinaire et iconoclaste de cette aventure de création parente de Dada. À l’instar en effet de ce dernier qui prétendait « soulever tout » et s’appuyait sur la parole de Descartes déclarant ne pas vouloir « savoir qu’il y avait eu des hommes » avant lui, Fluxus s’est d’emblée inscrit dans un courant de pensée mouvant, visant à tout remettre en question sur sa route.

Une « nébuleuse », signale le titre de l’exposition : il y va de fait avec Fluxus d’une véritable implosion tous azimuts, en vue de célébrer le tout possible en matière d’art, toutes formes d’expression confondues. Quitte à sombrer dans le paradoxe, Fluxus s’est ainsi identifié à la formule de Filliou affirmant que « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».

Structurée en différentes salles thématiques, l’exposition stéphanoise invite le visiteur à découvrir notamment ce qu’il en a été des Fluxshops, des rapports de Fluxus et de la musique, de l’ambition du mouvement d’enfin changer ceux de l’art et de la vie. Elle organise comme une immense concentration des productions les plus diverses qui font la marque de Fluxus : objets, affiches, revues, boîtes, collages, photographies, films, projets, manifestes, etc., qui sont l’œuvre des esprits les plus inventifs qui soient : Georges Brecht, Robert Filliou, Ben, Maciunas, Nam June Paik, Yoko Ono, parmi d’autres. Autant d’artistes dont les travaux et les postures ont contribué à transformer radicalement la pensée sur l’art et à fonder les termes du postmodernisme.