Art Contemporain - La Fondation du doute, à Blois, lieu singulier dédié à l’art et à la vie, imaginé par Ben Vautier, a choisi de fêter dignement les 60 ans du mouvement expérimental Fluxus par un nouvel accrochage permanent rétrospectif.
Une gageure, d’exposer cette nébuleuse d’artistes pluridisciplinaires actifs sur plusieurs continents en même temps, de l’Europe au Japon en passant par les États-Unis ! Une gageure d’autant plus grande que le mouvement s’est moins illustré par des expositions et des œuvres matérielles que par des festivals et des happenings, mot forgé par Allan Kaprow en 1958 dans un manifeste intitulé L’Héritage de Jackson Pollock. Héritier de Dada, Fluxus se réclame lui-même de la musique – qu’il entend dépasser, cela s’entend – d’Erik Satie, d’Arnold Schönberg et de John Cage. L’un des actes de naissance du mouvement ne s’intitulait-il pas « Festival Fluxus international de musique nouvelle » ? C’est tout naturellement par cette manifestation iconoclaste, qui s’est tenue à Wiesbaden (Allemagne) en septembre 1962, que le nouveau parcours de la Fondation du doute s’ouvre donc, immédiatement suivi par une série de pianos « préparés » à la sauce Fluxus (dont le Piano Piece #13 (Carpenter’s Piece) for Nam June Paik de George Mačiūnas). Le parcours se veut toujours spectaculaire, à l’image du mouvement, mais mieux ordonnancé, moins foutraque que le précédent. Soixante ans, l’âge de raison ? En tout cas celui de la pédagogie, en prenant soin d’éviter la sclérose didactique. Rythmé par des espaces consacrés à des artistes (La Monte Young, Daniel Spoerri, Ben, Yoko Ono, Nam June Paik…) et à des thématiques, présentés à travers des cartels d’une rare clarté, l’accrochage déploie une série d’œuvres importantes du mouvement d’avant-garde, dont Fandango (1975-1977), « symphonie » de marteaux sur portières automobiles, et la reconstitution de La Cédille qui sourit, atelier-boutique ouvert par Robert Filliou et George Brecht en 1965 à Villefranche-sur-Mer. « Blois est-il le centre du monde ? », demande Ben dans son écriture célèbre… La ville est en tout cas le battement de cœur de Fluxus. Sans aucun doute !
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Fluxus, 60 ans et un nouvel accrochage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Fluxus, 60 ans et un nouvel accrochage