BORDEAUX
Quel est le point commun entre un savon, une boîte Tupperware, un banc et le portrait de Sylvie Vartan ? Tous font l’objet de séries de peintures dans l’œuvre de Nina Childress.
Héritière du pop art et du Nouveau Réalisme, l’artiste française née en 1961 emprunte depuis près de quarante ans ses sujets à la culture populaire avec une ironie féminine qui la distingue de ses ennuyeux aînés. Lorsqu’elle peint en 1992 une savonnette « Lxu » en plan serré, l’artiste détourne la marque Lux omniprésente sur les écrans publicitaires de l’époque, dénonce le marketing commercial de la mode et se moque du minimalisme en lui donnant une forme des plus… futiles. Le même second degré est à l’œuvre dans la série des Sculptures Tupper-ware (1991), évocation à peine cachée des œuvres très « sérieuses » de Carl Andre ou Donald Judd. Nina Childress s’amuse dans sa peinture, quand elle peint des jouets très sexués ou des séries de postiches, et cela fait du bien. L’exposition « Body Body », dont le titre réfère à la fois aux notions de corps et de double, centrales dans le travail de l’artiste, l’a bien compris, qui s’amuse à son tour dans son accrochage. En ouverture de ce parcours rétrospectif, Falling from a Chair You Get New Bruises You Get New Blisters of Every Color and Shape (1980) est ainsi rapprochée de Chaises blanches sur fond blanc (2020). Quand la première toile signée Nina Kruss (le double « ss » de la Schutzstaffel nazie faisant partie de l’attitude punk de l’artiste) montre un petit garçon tombé de sa chaise, couvert d’ecchymoses, dans une patte proche de celle de Bacon, la seconde se moque ouvertement de Malevitch. Quarante ans séparent ces deux tableaux. Entre les deux, la peinture de Nina Childress n’a pas pris une ride.
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Fac(é)tieuse Childress
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°756 du 1 juillet 2022, avec le titre suivant : Fac(é)tieuse Childress