Foire & Salon

SALON D’ART CONTEMPORAIN

Le nouveau et téméraire salon BAD+

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 7 juillet 2022 - 529 mots

BORDEAUX

Reporté de mai à juillet, le nouveau salon bordelais d’art contemporain et de design accueille une quarantaine de galeries, dans l’ensemble de bon niveau.

Le Hangar 14 à Bordeaux. © Julien Fernandez
Le Hangar 14 à Bordeaux.
© Julien Fernandez
Courtesy BAD+

Bordeaux. Il faut de l’audace ou de l’inconscience, ou les deux, pour lancer Bad+, un nouveau salon d’art contemporain, hors de Paris et en juillet. C’est pourtant le pari de Jean-Daniel Compain qui s’est associé à l’entreprise Congrès et Expositions de Bordeaux (CEB), une société privée qui gère plusieurs lieux d’exposition de la cité girondine. Jean-Daniel Compain n’est cependant pas un nouveau venu dans le secteur, il a longtemps dirigé plusieurs salons au sein de Reed, notamment la Fiac et Paris Photo.

Son expérience et son carnet d’adresses ne lui ont cependant pas permis d’organiser la manifestation en mai comme prévu initialement, ni d’attirer 70 à 75 galeries comme il l’envisageait. Le calendrier des foires chargé en mai l’a contraint à reporter le salon du 7 au 10 juillet. Et, à ce jour, seules 41 galeries ont répondu présentes, parmi lesquelles aucune des têtes d’affiche françaises et encore moins internationales habituelles. Pour autant, la sélection se situe un cran au-dessus des autres foires régionales avec la présence de galeries telles que Rabouan Moussion (Paris), Sator (Romainville), La Forest Divonne (Paris), Magnin-A (Paris), les marchands parisiens Stéphane Corréard, Christian Berst et Anne Sarah-Bénichou. Jean-Daniel Compain a activé son réseau pour convaincre Pierre Dumonteil, Jean-François Cazeaux, Hadrien de Montferrand ou le Belge Albert Baronian de venir. Les galeries internationales, une bonne dizaine, sont du même niveau, avec – curieusement – quatre marchands installés en Russie.

L’énoncé de ces noms de galeristes situe bien le type d’œuvres que l’on trouvera sur les stands : art moderne et contemporain classique sans artistes échevelés, ni stars internationales. BAD+ se veut par ailleurs ouverte au design, mais il faudra attendre l’ouverture du salon pour en prendre la mesure. Sur le papier, l’offre semble honnête avec un contingent limité d’exposants « de remplissage » et leur production bas de gamme.

Au fond, la proposition artistique est taillée pour les collectionneurs et amateurs d’art locaux, qui seraient fort nombreux à en croire les organisateurs. On a souvent entendu le discours selon lequel telle capitale régionale abriterait une bonne clientèle sensible à l’art, aussi discrète que fortunée mais, en l’espèce, on y croit plus que d’habitude. La bourgeoisie bordelaise enrichie par le vin n’est pas une fiction. Et la proximité des hauts lieux touristiques du bassin d’Arcachon et du Cap Ferret est de nature à attirer les collectionneurs parisiens.

En bons professionnels, les organisateurs appliquent toutes les recettes des grands salons. Le lieu d’abord : le Hangar 14, un bâtiment du XVIIIe siècle réaménagé en bord de Garonne, à mi-chemin du centre-ville et de la Cité du vin. Puis un programme de visites privées pour les VIP dans de nombreux musées, centres d’art et domaines vinicoles ouverts à l’art que comptent Bordeaux et sa région. Contrairement à d’autres foires régionales boudées par les institutions publiques, BAD+ semble avoir l’appui du Frac Nouvelle-Aquitaine, du Musée d’art contemporain de Bordeaux (CAPC) et autres musées ainsi que de la Ville. Reste maintenant à attirer suffisamment d’acheteurs qui feront regretter aux abstentionnistes de la première édition de n’être pas venus.

BAD+,
du 7 au 10 juillet, Hangar 14, 115, quai des Chartrons, 33000 Bordeaux.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°592 du 24 juin 2022, avec le titre suivant : Le nouveau et téméraire salon BAD+

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