Le Havre. Le MuMa consacre son exposition d’été à la place de la mer dans l’imaginaire des artistes du XIXe siècle à nos jours, sous le commissariat d’Annette Haudiquet, sa directrice, de Denis-Michel Boëll, conservateur, et de Marc Donnadieu, conservateur en chef au Musée de l’Élysée à Lausanne.
Une traversée en presque 200 œuvres avec un beau catalogue pour livre de bord. Les premiers espaces confrontent la vision classique à celle qui naît des nouvelles recherches scientifiques : le Salon de 1863, surnommé par Théophile Gautier « Salon des Vénus », évoqué ici par La Naissance de Vénus (1862) d’Amaury-Duval, est le contrepoint de La Vallée dans la mer, une vision sous-marine exposée par Edward Moran à la Pennsylvannia Academy of Fine Arts de Philadelphie en 1862. Puis apparaissent des êtres aquatiques, inquiétants ou poétiques, particulièrement chéris des symbolistes, tels Triton et Néréide sur un dauphin (plâtre, vers 1900) de Rodin, Les Ondines (1908) d’Adriano de Sousa Lopes ou la Main aux algues et coquillages (1904) d’Émile Gallé. Les aquarelles scientifiques se mêlent aux premières photos sous-marines, les films de Georges Méliès et de Jean Painlevé aux clichés de Brassaï, François Pinault pose en Capitaine Nemo (2004) pour Pierre et Gilles tandis qu’Elsa Guillaume, avec Space Suit (2012), explore le personnage du scaphandrier. Attirés par les profondeurs, Max Ernst peint au XXe siècle sa Marine sombre (1926) et le photographe Nicolas Floc’h, près d’un siècle plus tard, immortalise en noir et blanc un somptueux ballet : Laminaires, – 8 m, Ouessant (2016).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°505 du 6 juillet 2018, avec le titre suivant : En mer avec les artistes