DOHA / QATAR
La biographie du designer Virgil Abloh, qui vient de décéder d’un cancer à l’âge de 41 ans, retiendra que Doha a été la dernière étape d’une exposition itinérante de son vivant.
Elle se tient dans une ancienne caserne de pompier reconvertie en centre d’art, en ayant gardé un petit côté brutaliste qui sied bien à l’univers urbain d’Abloh. Mais l’absence totale de visiteurs – ce n’est pas propre au Qatar – plonge les lieux climatisés dans une ambiance en décalage avec la sensation d’effervescence que veulent exprimer les installations.
L’exposition met naturellement en exergue ses lignes de vêtements inspirés du hip-hop ou des skateboarders, ses prototypes de baskets pour Nike, son merchandising pour les concerts de Kanye West ou son mobilier pour petits budgets dessiné pour Ikéa. Le tout dans des mises en scène qui se veulent originales ou provocantes. On n’échappe pas non plus à des vidéos de défilés de mode montées et projetées comme sur les réseaux sociaux dont il fit grand usage.
Les commissaires ont aussi voulu montrer qu’Abloh est tout autant un artiste contemporain qu’un designer. Et là, on tique un peu. Le visiteur est accueilli à l’entrée par un grand tableau noir qui ressemble à un Soulages si ce n’était le panonceau « JCDecaux » sous la toile (un message critique contre l’affichage ?). Plus loin est exposée, à la manière d’un Julien Prévieux et ses « lettres de non-motivation », un long courrier juridique de l’ONU lui interdisant de reproduire son logo dans ses créations visuelles. En fin de parcours, avant l’inévitable boutique, une grande photo de Juergen Teller et une courte définition résument « ce qu’est Virgil Abloh » (What is Virgil Abloh ?).
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°580 du 7 janvier 2022, avec le titre suivant : À Doha, la dernière demeure de Virgil Abloh