NEW YORK / ETATS-UNIS
Tout le monde il est beau. Et tout le monde il est… designer ! D’aucuns pensent en tout cas leur talent total. L’un des précurseurs en la matière n’est autre que le chanteur Lenny Kravitz, lequel a, paraît-il, pris goût au design en décorant ses multiples résidences – New York, Miami, La Nouvelle-Orléans, les Bahamas.
« C’est quelque chose que je faisais en parallèle, entre les albums et les tournées », expliquait-il alors, avant de créer, en 2003 à New York, sa propre agence de design : Kravitz Design Inc. (www.kravitzdesign.com). Celle-ci réunit « une équipe de professionnels créatifs pour transformer son lifestyle global et éclectique [celui de Lenny] en des solutions de design innovantes et dynamiques ». Rien que cela. On se souvient d’un chandelier en chrome noirci, bronze satiné et strass, baptisé Casino Royale, que la firme a conçu pour le cristallier Swarovski et dévoilé au Salon du meuble de Milan en 2005. Du bling bling avant l’heure. Idem avec la Florida Room, night-club de l’hôtel Delano à Miami, inau-guré en décembre 2007 en clôture de la foire Art Basel Miami Beach. Si, jadis, nombre de rockeurs aimaient à pulvériser leur chambre d’hôtel, Lenny Kravitz, lui, les aménage. Preuve que le rock’n roll n’est plus tout à fait ce qu’il était.
Compilation d’images
Le rap non plus d’ailleurs. Voilà un autre genre musical dont les protagonistes ont, semble-t-il, un avis sur tout et en particulier sur le design. Ainsi les rappeurs Kanye West et Pharrell Williams. Non contents d’être, entre autres, producteurs à succès, icônes de mode voire créateurs de bijoux-vêtements-baskets, ils viennent désormais traîner leurs sneakers – griffés Louis Vuitton – au rayon design. Le premier, Kanye West (32 ans, Atlanta, États-Unis), dispense ainsi régulièrement sur son blog (www.kanyeuniversecity. com/blog/) ses choix en matière de mobilier, luminaire, objet… Juste une photographie, pas de commentaires. West les a réservés pour son livre intitulé Thank You And You’re Welcome. Il les appelle modestement ses « kanye’ismes » : on ne sait si cette nouvelle école de pensée restera dans les annales à l’instar de sa quasi homonyme fondée par John Maynard Keynes. Début septembre s’affichaient notamment, sur ledit blog, un porte-revues du trio suédois Minus Tio, une poignée de porte en forme de main conçue par la Franco-anglaise Naomi Thellier de Poncheville ou un fauteuil d’extérieur du Mexicain Hector Esrawe. Une sélection qui ratisse large, simple compilation d’images tirées de revues et autres sites web spécialisés. Reste que, pour nombre de fans, elle a évidemment valeur de référence ultime.
Pathétique
Pharrell Williams (36 ans, Virginia Beach, États-Unis), lui, ne s’est pas contenté d’images, mais s’est senti obligé de faire une démonstration en volume. Pour la galerie Emmanuel Perrotin (Paris), il a ainsi imaginé une chaise intitulée Perspective, fabriquée par les deux selliers français Bruno Domeau et Philippe Pérès. Au magazine Elle (n° 3283, 1er décembre 2008), Williams déclare à propos de ladite assise : « Je voulais qu’elle soit un peu coquine, mais avec un design cool [sic !]. » Celle-ci consiste donc en une simple coque supportée par quatre pieds, les deux arrières simulant les jambes d’un homme et les deux avants celles d’une femme. Pour Williams, ce siège est tout bonnement « une métaphore de l’amour ». « En prolongeant les jambes de la chaise, on imagine un couple faire l’amour [re-sic !] », explique-t-il (Têtu n° 140, jan-vier 2009). Le résultat, pathétique, n’arrive pas à la cheville de l’Homme, assise de l’artiste Ruth Francken (1970) qui, au rayon anthropomorphisme, fait office d’étalon. Prix de cette plaisanterie hip hop ? À partir de 20 000 dollars (soit environ 14 000 euros) pièce. En ces temps de crise, sans doute faudrait-il songer à passer commande au rappeur 50 Cent (de son vrai nom Curtis James Jackson III, 34 ans, New York, États-Unis), histoire de démocratiser le produit…
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Rap around the design
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Rap around the design