PARIS
« Mon travail, c’est de marcher. Cela fait cinquante ans que j’arpente les rues. Marcher, c’est finalement ma vie », explique Daido Moriyama quand on évoque ses photographies, sa manière de travailler et d’appréhender la rue, son quartier, sa ville, Tokyo, ou une autre cité ailleurs, au Japon, aux États-Unis, ou encore Paris.
Chaque jour, Daido Moriyama marche pendant une heure et « prend des photos de ce qui l’attire ». L’instinct prévaut aussi quand vient le temps de la sélection pour une publication, une exposition ou un livre (quelque deux cents à son actif !). Noir et blanc ou couleur se complètent. L’un n’enlève rien à l’autre, comme le démontre si bien la Fondation Cartier, avec, d’un côté, l’installation de juxtapositions d’images en couleur et, de l’autre, dans un espace distinct, le diaporama Dog and Mesh Tights imaginé spécialement pour l’exposition et « constitué exclusivement de photographies prises volontairement en noir et blanc, entre juillet 2014 et mars 2015 », précise-t-il. Car, chez Daido Moriyama, le transfert d’une photographie couleur en noir et blanc est un choix, un fait coutumier depuis le début. « La couleur exprime ce que je rencontre sans aucun filtre », dit-il, tandis que « le noir et blanc exprime mon monde intérieur, les émotions et les sensations quand je marche sans but ».
En France, on ne connaît bien souvent que ses noir et blanc. Après avoir été la première institution à programmer Daido Moryama en 2003, la Fondation Cartier, avec « Tokyo Color » (exposition de quatre-vingt-six images réalisées entre 2008 et 2015), dévoile une nouvelle fois un pan de travail méconnu. Ces prélèvements de morceaux de ville et du quotidien recoupent toutefois dans leurs motifs, leur cadrage en plan serré, ceux que l’on retrouve en noir et blanc : tubes d’aération, morceaux d’affiche, lèvres peintes, néons publicitaires, poissons dans un aquarium, visage d’une jeune fille ou jeu de jambes marchant sur un trottoir. Aller de l’un à l’autre, c’est entendre une voix qui en images nous donne à voir, à ressentir sa vision du monde, en étant quelque part fasciné par ce qu’il produit et reproduit en situations, en formes et en existences.
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Daido Moriyama le marcheur
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Abonnez-vous dès 1 €Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, fondation.cartier.com
Légende photo
Daido Moriyama, Tokyo Color, 2008-2015, tirage chromogène, 111,5 x 149 cm. Courtesy de l’artiste/Daido Moriyama Photo Foundation.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : Daido Moriyama le marcheur