Musée Ingres, Montauban (82). Du 9 juillet au 7 novembre 2010

Cueco regarde Ingres

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 18 juin 2010 - 371 mots

Effet de mode ou hasard du calendrier, après « Ingres et les modernes » l’automne passé, deux expositions pivotent à nouveau autour de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867).

L’une à la Villa Médicis à Rome, qui place en écho au peintre du Bain turc une série de grands reliefs monumentaux de l’Américain Ellsworth Kelly. L’autre au musée Ingres de Montauban, qui organise à nouveau une conversation, mais cette fois à partir de cent cinquante œuvres d’Henri Cueco. Deux hypothèses qui dérouleraient à partir d’Ingres une filiation narrative et une descendance abstraite. Par la relation consciente à l’histoire de l’art sans doute. Par le dessin en général, la ligne et la synthèse des volumes en particulier, très certainement.

« Une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte », déclarait Ingres. Cueco y répond par sa Grande Odalisque, qui décline en séquences graphiques la fameuse longue et hyper-courbe du nu Ingresque, répétée jusqu’à jouer une toute autre partition visuelle. Après tout, Cueco et nombre de ses épigones de la Figuration narrative ont commencé par manipuler la grande peinture : Erró à l’assaut halluciné et motorisé du Singe d’Ossian du même Ingres, Erró encore plaçant une Vénus botticellienne devant une représentation codifiée de la Chine de Mao. Cueco déjà avec sa version canine de La Mort de Sardanapale de Delacroix ou face à L’Enlèvement des Sabines de Poussin ; Cueco dans les pas du Christ mort sur la croix de Philippe de Champaigne devenu Christ en kit, découpé, mis en morceaux, comme son pinceau cultivé et cinglant aime à le faire depuis cinquante ans.

À Montauban, la confrontation avec Ingres revient évidemment sur les enjeux premiers de ces remaniements de peinture : versant allégorique, versant critique dénouant les conditions d’apparition de l’image, et versant observateur, faisant d’Ingres un véritable allié du regard. « Moi, j’aime voir le soleil se lever, les brumes partir, écrit Cueco. Je regarderais jusqu’à la fin des temps, c’est mieux que du cinéma. C’est en vrai. Il faut savoir regarder. Je regarde le temps qui bouge. »

« Ingres, Cueco, dessins, peintures, écritures, une saison dans l’atelier », musée Ingres, 19, rue de l’Hôtel de Ville, Montauban (82), tél. 05 63 22 12 91, du 9 juillet au 7 novembre 2010.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°626 du 1 juillet 2010, avec le titre suivant : Cueco regarde Ingres

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