TOULOUSE
Nommé directeur du Printemps de septembre, Christian Bernard, ancien directeur du Mamco (Musée d’art moderne et contemporain) de Genève, a conçu la prochaine édition de ce festival devenu biennal depuis 2014.
« Dans la Pluralité des Mondes » réunira du 23 septembre au 23 octobre plus de cinquante artistes et une douzaine de commissaires associés.
Le festival a changé de nom, de date et il est aujourd’hui biennal. Quelle est son identité ?
Depuis la création du festival, l’accent a été mis sur les arts visuels ; la présence d’activités performatives, notamment dans le champ musical ; la gratuité et la dissémination dans la ville. Cette nouvelle édition se déploie dans une vingtaine de lieux. Nous voulons réinscrire le festival dans l’agglomération de Toulouse. Il a en effet pu être perçu comme un festival offshore pensé par des commissaires de passage, plus intéressés par la liste d’artistes au catalogue que par le fait de savoir à qui ils s’adressaient.
Cela s’était ressenti en termes de fréquentation ?
Oui, le nombre de visiteurs a été divisé par dix depuis le dernier festival dont j’avais assuré la programmation en 2009 : nous avions quand même eu 172 000 entrées ! Je suis sûr que nous allons retrouver des chiffres comparables.
C’est ce qui vous a valu d’être choisi ?
Pas uniquement : il faudrait demander à Marie-Thérèse Perrin – la présidente fondatrice – que je connais depuis longtemps. Je crois que j’avais laissé dans l’esprit des partenaires un bon souvenir, parce que je les avais associés. Lorsque j’ai sonné aux portes, elles se sont ouvertes, sans aucun problème.
Pourquoi le festival est-il devenu biennal ?
Qui nous finance ? La Ville d’abord, le département ensuite, l’État et un peu le privé. Si le festival est devenu biennal, c’est à la demande des tutelles ; tout le monde disait qu’il y avait moins d’argent. Cela reflète la tendance actuelle. Je ne peux que prendre acte de ça. Il va falloir bâtir une adhésion du côté des entreprises, nous aurons des arguments que nous avions un peu perdus et qui tiennent au nombre de visiteurs, mais aussi à la nature de ce que l’on propose. Un festival d’art contemporain qui n’a pas vocation à enfoncer les clous dorés de la consécration.
Quelle est sa ligne éditoriale ?
Un festival qui regarde le champ de l’art contemporain dans sa diversité, avec une attention à de jeunes artistes, mais pas exclusivement. On essaie de montrer des choses inédites en France, voire en Europe, et si possible inédites tout court. À la différence du musée, un festival n’a pas à donner des garanties sur l’importance présumée de ce qu’il montre. Dans une manifestation qui dure quatre semaines et deux week-ends, il faut de l’intensité, de la générosité. Il faut produire des surprises, avoir une exigence de qualité, sans être dans la construction des pyramides.
Comment abordez-vous cette édition ?
Le festival avait changé de date, de nom et de logique. Il fallait revenir aux fondamentaux : le mois de septembre (les 100 000 étudiants de la ville sont plutôt préoccupés par les examens en mai). Et puis, reprendre son appellation : Printemps de septembre, c’est une marque, connue dans le monde de l’art. Enfin retrouver un nombre plus important de partenaires, de lieux et de circonstances. De mon côté, je ne refais pas ce que j’ai fait en tant que directeur artistique en 2008 et 2009. C’était le Mamco qui était opérateur à Toulouse à cette époque, là c’est moi. Et c’est moi en tant que directeur du festival.
Vous avez plus de liberté ?
Oui, probablement. Et aussi plus d’envie. Je n’ai jamais montré la plupart des artistes que je présente.
Comment avez-vous construit cette programmation ?
J’essaie de traverser certaines allées du champ de l’art, à travers différentes sections. La première aux Augustins, aux Abattoirs et au Musée Paul Dupuy, interroge la notion de musée. Une deuxième section, « Le lieu donne le la » met en relation quatre sites avec l’installation d’un artiste (Hans Op de Beeck au Couvent des Jacobins ; Claudia Comte à l’espace EDF Bazacle ; Eva Kot’àtkovà à l’Hôtel-Dieu ; Dominik Lang au Château d’Eau). La troisième section, « Opéra en Archipel » présente des œuvres (de Stan Douglas, Vincent Meessen, David Shrigley…), où la musique tient un rôle central, mais aussi des concerts. « Les Visiteurs du soir » y feront des performances pendant des nocturnes ; il y aura aussi une « Nuit des bars » avec des lectures de textes originaux, une « Nuit des Cours » avec des projections vidéos… et un grand Bal Dada qui va clôturer cette édition.
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Christian Bernard : « Un festival avec de l’inédit, de l’intensité, de la générosité »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°463 du 16 septembre 2016, avec le titre suivant : Christian Bernard : « Un festival avec de l’inédit, de l’intensité, de la générosité »